Le PAM et les agriculteurs unissent leurs forces pour un avenir alimentaire durable au Burundi
Avec l'appui des Pays-Bas, le PAM soutient les exploitants agricoles à augmenter leur productivité et à renforcer leur résilience face aux risques climatiques.
À Muyinga, dans le nord-est du Burundi, Gloriose Hatungimana, 35 ans, travaille dans un champ communautaire aux côtés d’autres membres de l’association d’épargne et crédit qu’elle préside. Comme plus de 85 % de la population burundaise, elle dépend de l’agriculture pour faire vivre sa famille. Mais ces derniers temps, sa manière de cultiver a changé.
Autrefois, Gloriose travaillait seule sur de petites parcelles. Aujourd’hui, elle unit ses efforts à ceux de sa communauté, cultivant collectivement pour produire davantage.
« Avant, on cultivait comme on pouvait, sans vraiment savoir comment améliorer les récoltes. Grâce aux formations, on a appris à mieux tirer profit de notre travail », explique-t-elle.
L’agriculture, bien qu’essentielle à la sécurité alimentaire du Burundi, reste confrontée à de nombreux obstacles. La forte pression sur les ressources naturelles due à une démographie galopante conduit à l’atomisation des terres qui limite l’accès aux ménages vulnérables, plus particulièrement ceux-dirigés par les femmes. Par ailleurs, la dégradation des sols, aggravée par les effets du changement climatique, combinée au manque d’intrants agricoles et à l’insuffisance des connaissances techniques, ralentit considérablement le développement du secteur. Ainsi, environ 1,2 million de Burundais sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, selon l’analyse IPC de janvier 2025.
Le soutien du PAM pour renforcer la résilience des ménages les plus vulnérables
Face à cette réalité, le Programme Alimentaire Mondial (PAM), avec le soutien financier du Gouvernement des Pays-Bas, appuie le Gouvernement Burundais dans ses efforts de réduction de la pauvreté à travers le renforcement de la résilience des petits exploitants agricoles, l’amélioration de la nutrition et le développement des économies locales.
Grâce au Projet d’Appui à la Transformation des Systèmes Agro-alimentaires au Burundi (PATSAB), près de 30 000 petits exploitants agricoles bénéficient aujourd’hui d'un soutien diversifié visant à améliorer leur productivité et leur résilience. Ce programme inclut des formations sur les pratiques agricoles durables et la gestion post-récolte, ainsi que des transferts monétaires conditionnels. Un appui matériel de 2 300 silos hermétiques, 44 800 sacs hermétiques et 11 440 bâches de séchage de céréales, a déjà été fourni, permettant ainsi de diminuer les pertes de stockage.
Parallèlement, le programme accompagne 73 associations d’épargne et de crédit, regroupant 1 500 ménages. Ces groupes, qui sont activement engagés dans l'augmentation de la production agricole, reçoivent un soutien pour créer des actifs agricoles et mettre en place des activités génératrices de revenus pour favoriser leur autonomisation financière à long terme.
Cet appui a permis à l’association de Gloriose de louer une parcelle plus vaste pour cultiver des amarantes, des choux et des carottes, tout en investissant dans l’élevage. Les chèvres et porcs achetés leur permettent de produire du fumier organique et d’enrichir naturellement leurs sols, et constitue une alternative de sources de revenus en cas de chocs.
« Nous avons appris à bien exploiter la terre. Maintenant, nos enfants mangent régulièrement des légumes et notre espoir pour l’avenir est de produire assez pour pouvoir approvisionner les cantines scolaires », se réjouit-elle.
Pour les autres membres de l’association, la contribution du projet est aussi cruciale et l’impact est tangible.
Euphemie Kanyonga, mère de sept enfants, était autrefois ouvrière agricole.
« Je devais partir tôt le matin pour travailler dans les champs des autres et ne rentrais qu’en fin de journée », confie-t-elle.
Aujourd’hui, grâce au projet, elle a pu louer une parcelle pour cultiver du riz et démarrer un petit commerce de bananes. En tant que membre de l’association d’épargne et crédit, elle participe activement aux échanges entre membres sur d’autres aspects de la vie tels que la gestion d’une activité génératrice de revenus.
« Mes enfants sont mieux nourris, mieux habillés, et surtout, je me sens capable de contribuer au développement de mon foyer », dit-elle avec fierté.
Pour Honorine Mugishawimana, a transformé sa perspective sur son rôle d’épouse :
« Je ne dépends plus uniquement de mon mari. Mon petit commerce me permet de prendre en charge certaines dépenses », explique-t-elle.
Quant à Jacqueline Nduwimana, elle a pu se soigner d’un problème des yeux grâce aux transferts monétaires. « Je peux maintenant travailler sans difficulté et aider les autres dans les champs », témoigne-t-elle.
Ces changements sont facilités par les autorités agricoles locales, qui accompagnent les producteurs à travers des formations pratiques et des démonstrations sur des champs collectifs.
Rencontré dans le champ communautaire de Muyinga, Fidèle Ndayishimiye, moniteur agricole, suit de près la mise en œuvre des pratiques agricoles. Il témoigne sur les avancées observées :
« Les membres qui n’avaient pas de jardins potagers ou de compostières en ont désormais. Ils respectent les méthodes apprises, et les premières récoltes ont déjà amélioré leur alimentation. »
Cependant, il souligne que des défis persistent :
« La majorité reste vulnérable, avec un accès limité à la terre et aux moyens de production. Il faut renforcer encore davantage leurs capacités pour leur permettre de produire aussi pour le marché. »
Les coopératives, moteurs de changement durable
Dans un pays où les femmes effectuent près de 90 % du travail agricole non rémunéré, le projet mise sur le renforcement des coopératives pour promouvoir leur autonomisation.
Ntirampeba Mariette, présidente d’une coopérative appuyée par le projet, explique :
« Nos membres sont formés aux techniques modernes. Nos rendements ont augmenté, et grâce à notre hangar et à nos équipements, nous conservons bien nos récoltes pour la vente. »
En partenariat avec l'Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) et le collectif des Producteurs des Semences du Burundi (COPROSEBU), le PAM a produit et distribué 1,2 tonne métrique de semences de haricots bio fortifiés de haute qualité à 15 coopératives multiplicatrices de semences afin de stimuler la production de haricots bio diversifiés et répondre à la demande croissante du marché.
Les coopératives jouent également un rôle clé dans l’alimentation scolaire. Grâce au modèle des achats locaux, elles livrent des vivres aux cantines scolaires, garantissant aux enfants des repas nutritifs produits localement.
En 2024, le PAM a investi 6,8 millions de dollars US dans les achats locaux, générant des revenus pour les petits producteurs, stimulant l’économie locale et améliorant la nutrition de plus de 200 000 enfants répartis dans 264 écoles.