Avec l'appui du FIDA, le poisson n’est plus un mythe en dehors du lac Tanganyika
Le développement de l'aquaculture devient de plus en plus florissant grâce a l'appui du Fonds International de Développement Agricole.
Le Programme de Développement des Filières (PRODEFI) est un programme du Gouvernement du Burundi financé par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) depuis 2011. Le développement de l’aquaculture intégrée ne figurait pas parmi les interventions principales du PRODEFI. Retour sur une filière qui s’affermit.
Au Burundi, le poisson a été considéré comme une denrée qui n’est accessible que depuis le lac Tanganyika. Espérer l’avoir à une distance (en ligne droite) de 73,9 km sur une altitude moyenne de 1.824 m relevait d’une fiction.
L’an 2019 fut chargé en activités d’aquaculture intégrée pour la population de la colline Buye en commune Mwumba. Le PRODEFI appuie l’Action pour le Développement Economique axé sur l’Aquaculture Intégrée (ADECA). Au terme des formations sur la mise en place des étangs piscicoles et sur les techniques d’élevage du poisson, le PRODEFI a construit 10 poulaillers (pour 10 étangs piscicoles) sur pilotis d’une valeur de 132.758.440 francs burundais au total (y compris les frais de surveillance des travaux), diffusé 11.000 alevins, octroyé 20 tonnes d’aliments de poissons et 1.500 poussins aux 350 membres de l’ADECA.
Que viennent faire les poulets ?
Monsieur Nkurunziza Serges, directeur général de l’élevage précisera que « dans les prérogatives du Ministère de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage, l’aquaculture sera développée avec l’intégration d’autres formes d’élevage pour que celle-ci soit fructueuse et puisse profiter aux populations rurales ».
Au sein de l’ADECA, l’intégration d’autres formes d’élevages à l’aquaculture a été vite comprise. Les membres de l’ADECA ont pris une longueur d’avance par la mise en place des couveuses électroniques pour anticiper sur la démarche de remplacement des poulets, une fois que ceux-ci nécessiteront d’être remplacés par des « poulets solides ». La couveuse électronique est assemblée par des ingénieurs électromécaniques que l’ADECA est à mesure de mobiliser. Elle vaut 5 millions de francs burundais et peut contenir 1.232 œufs.
Le succès inespéré de la première pêche
La matinée du 26 avril 2021 s’annonce lourde en suspens à la fois pour la population de la colline Buye et pour les acteurs impliqués dans le développement de l’aquaculture intégrée aussi bien au niveau de l’administration locale. Ils se posent tous des questions. Les uns rassurent les autres. Le doute se lit sur les visages.
Le Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage supervisait les travaux de la première pêche.
Il est 14h, le ciel est clair, les étangs sont sombres. Une vingtaine de membres de l’ADECA avancent, d’un pas curieux, dans le premier étang, armés d’un filet d’une quinzaine de mètres. Les femmes constituent la majeure partie des membres de la coopérative piscicole ADECA Terimbere (65%). Elles font partie de la cohorte. Sous l’œil du Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage et du grand public, les pêcheurs se serrent les coudes et s’encouragent mutuellement.
Après une bonne heure passée à patauger dans les étangs piscicoles, ils sont soulagés de voir le filet rempli de clarias et de carpe (variétés de poissons). L’atmosphère se détend, les visages rayonnent. La plus grosse prise ne tarde pas à se manifester. Un homme tient dans ses mains, un clarias de 5 kg par ses opercules.
« Jusque-là, nous pensons avoir capturer 500kg pour la prise d’aujourd’hui dans un seul étang. Pour « remuer » les 9 étangs qui restent, il nous faudra s’activer durant les quatre ou cinq prochains jours. A ce rythme, nous espérons aller jusqu’à 2 tonnes de poissons à raison de 5.000 francs burundais le kilogramme. Faites le calcul et voyez par vous-mêmes. » se déleste Nibogoye Henri, responsable de l’ADECA Ngozi. M. Nibogoye revient sur les facteurs qui ont permis de tels résultats. Ceux-ci ont été rendus palpables aujourd’hui grâce aux formations sur les techniques d’aquaculture intégrée que le PRODEFI nous a permis de suivre, les moyens financiers mobilisés, la force et la motivation de développer l’aquaculture intégrée au sein des populations rurales.
Qu’en pense l’administration ?
Manariyo Jérémie, administrateur de la commune Mwumba, présente à la foule son point de vue :
« Du haut de mes 50 ans, c’est bel et bien la première fois que je vois des gens faire la pêche d’une si grande envergure dans notre commune. La province de Ngozi compte 9 communes, Mwumba ouvre le bal. La commune ne cesserait de remercier les acteurs de la mise en place des initiatives de développement durables à l’instar de l’aquaculture intégrée.
Nos vifs remerciements s’adressent au Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, qui, par le biais des programmes qu’il chapeaute, ne cesse d’apporter un soutien considérable qui vise l’augmentation des revenus et le bien-être des populations des zones rurales. Au FIDA à travers le PRODEFI, nous disons merci pour les efforts tant physiques qu’intellectuels que n’ont ménagés les experts en charge du développement de l’aquaculture intégrée.
Je lancerai un appel vibrant aux membres de la coopérative ADECA Terimbere de prendre soins de ces étangs piscicoles : Elles sont une mine aux trésors. L’aquaculture intégrée présente des avantages à plusieurs égards tant au niveau nutritionnel que financier.
Si nous embrayons sur l’exemple de Mwumba, toutes les neuf communes auront déjà acquis une certaine proactivité dans le développement de l’aquaculture intégrée. Pourquoi ne pas faire de ce site, un lieu d’attraction, où viennent se ressourcer d’autres provinces ? Comme ça, à l’horizon 2027, le Plan National de Développement (PND) sera bien réalisé. »
Le PRODEFI intervient principalement dans le développement des filières laitières, rizicoles, la lutte contre la malnutrition, le changement climatique… dans les provinces de Bubanza, Cibitoke, Muramvya, Kayanza, Gitega, Ngozi, Karusi et Muyinga.