La montée des eaux cause de graves inondations au Burundi
Le Burundi est plus vulnérable aux effets du changement climatique. La majorité de ses besoins humanitaires sont causés par des catastrophes naturelles
Le Burundi est l’un des 20 pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique au monde. La majorité des besoins humanitaires dans le pays sont causés par des catastrophes naturelles récurrentes liées au changement climatique. Depuis 2018, 445 catastrophes naturelles ont affecté près de 270 000 personnes au Burundi. Parmi elles, 100 000 ont été déplacées.
L’augmentation de la température des océans perturbe les précipitations dans de nombreux pays du monde et le Burundi n’est pas épargné. Les saisons des pluies au Burundi sont de plus en plus éprouvantes pour les populations vulnérables. La pluie est source de vie et nécessaire pour l'agriculture, mais l’excès ou l’absence de pluie contribuent à l’augmentation des besoins humanitaires.
Le lac Tanganyika, deuxième plus grand lac d’Afrique, est partagé entre le Burundi, la République Démocratique du Congo (RDC), la Tanzanie et la Zambie. Le niveau de ses eaux a considérablement augmenté, en partie à cause des pluies anormalement abondantes dans la région. La rivière Rusizi, qui se jette dans le lac près de Bujumbura, sort régulièrement de son lit. Selon les chiffres officiels, environ 800 000 personnes au Burundi vivent dans les zones côtières. Presque chaque année, des quartiers entiers du littoral du lac et de l’embouchure de la rivière Rusizi se retrouvent sous les eaux, dans les provinces de Rumonge, Makamba, Bujumbura et Bujumbura Mairie.
En avril et mai de cette année, au plus fort de la saison des pluies du Burundi, la montée des eaux du lac Tanganyika et de la rivière Rusizi a affecté environ 100 000 personnes, selon les estimations provisoires du Gouvernement. Parmi elles, 40 000 auraient été déplacées.
Gatumba, près de Bujumbura, est l’une des zones les plus touchées. Des maisons ont été détruites, et des écoles, des centres de santé et des cultures ont été inondés. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), environ 40 000 personnes ont été affectées par les inondations dans cette zone et parmi elles, 13 000 ont dû quitter leur maison. Elles se sont installées dans des sites de déplacés ou sont logées dans des familles d’accueil. D’autres personnes sont restées dans leurs maisons inondées par manque d’alternative ou par peur d’abandonner leur quartier et de s’éloigner de leurs moyens de subsistance. Les inondations de cette année se sont produites alors que près de 5 000 personnes vivaient encore dans des camps après avoir perdu leur maison lors des inondations de l’année dernière.
En avril, OCHA s’est rendu sur le site spontané de Kigaramango, tout près de Gatumba, où 1 100 personnes vivaient depuis plus d’une année. À la même période en 2020, elles avaient dû quitter leurs maisons inondées. En mai 2021, ces personnes déplacées ont à nouveau été frappées par des inondations et ont dû quitter leurs habitations de fortune pour se rendre sur le site de Sobel, à Maramvya, une vingtaine de kilomètres plus loin. En mai 2021, OCHA a coordonné une évaluation multisectorielle pour identifier les besoins des personnes affectées à Gatumba et planifier la réponse.
Camille Marquis est chargée de communication pour OCHA Burundi. Elle raconte :
"Dès que nous avons quitté la ville de Bujumbura, nous avons vu les dégâts. Une maison a attiré notre attention et nous nous sommes arrêtés pour parler avec la famille. Dans cette maison, quatre familles cohabitent. Elles ont 37 enfants. Début mai, leur maison a été inondée. Depuis, ils dorment tous devant la maison, sous des bâches en plastique, à quelques centimètres de la Route Nationale qui mène à la frontière avec la République Démocratique du Congo (RDC). Ils n’ont plus accès à l’eau potable et se retrouvent forcés à boire de l’eau souillée. Nous avons vu un homme boire de l’eau boueuse et stagnante devant la maison. Cela le met à grand risque de contracter des maladies liées à l’eau telles que le choléra, d’autant plus que les latrines ont reflué en raison de la montée des eaux."