FIDA : Investir dans les femmes rurales, c’est renforcer le leadership féminin.
Le programme financé par le FIDA au Burundi prend en compte la dimension du genre dans l’exécution des projets et programmes.
FIDA : Investir dans les femmes rurales, c’est renforcer le leadership féminin.
La journée du 08 mars est entrée dans l’histoire des journées internationales. C’est une journée dédiée aux droits de la femme au monde entier. Les Burundaises se joignent aussi à leurs consœurs. Le programme financé par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) au Burundi prend en compte la dimension du genre dans l’exécution des projets et programmes.
A la rencontre d’une femme leader au centre du pays.
Elle est un modèle de sa communauté, elle parcourt de longues distances pour enseigner, former et motiver. Elle, c’est Désidérate CONGERA, 35 ans. Elle est mère de cinq enfants. Elle habite la colline Mugitega dans la province Bugendana en province Gitega. Désidérate est très connue dans sa circonscription comme une professionnelle de traite de vache, une pratique jadis réservée aux hommes selon la culture Burundaise.
Désidérate a reçu une vache en 2010 de la part du Projet d’Appui à l’Intensification et à la Valorisation Agricole du Burundi (PAIVA-B), financé par le FIDA. Elle suit une formation d’élevage en 2010, à travers les champs écoles paysans. Très appliquée, Désidérate se distingue de ses pairs, quitte à se hisser au-devant : elle est actuellement formatrice en technique d’élevage, de traite, de transformation du lait de vache en lait caillé, écrémé et du beurre. Les autres projets et organisations font appel à elle dans différentes provinces du Burundi pour qu’elle forme les éleveurs. Elle reste aussi en contact avec les éleveurs qu’elle aura formés.
Commençant ses discours par une salutation propre à sa fonction de formatrice des champs écoles paysans en kirundi ‘’ Shure Ndimo’’, elle ne manque pas de traduire ‘’ Farmer field school’’ en y ajoutant quelques mots d’humour ! N’ayant plus peur de la foule, elle peut tenir un discours devant des intellectuels dans des conférences organisées par le Ministère de l’Agriculture et les organisations internationales œuvrant dans le domaine agricole.
La génèse
Nous sommes en 2010, chez Désidérate, il n’y a pas de bétails, elle et son mari (menuisier) peinent à joindre les deux bouts du mois. C’est dans cette situation que le PAIVA-B les trouve. Le projet diffuse des bovins de race améliorée dans la province de Gitega, le ménage de Désidérate se voit attribuée une génisse. C’est la joie.
« Chez nous, avant que je ne sois mariée, nous n’avions jamais pratiqué l’élevage de gros bétail. Nous n’avions que des poules, des pigeons et des canards. Pour arriver à fertiliser notre champ, nous devions parcourir des collines toute la journée pour ramasser de la bouse de vache par terre. Ce n’était pas une partie de plaisir. Nous y allions tous. C’est pourquoi l’école ne nous a pas trop pris. » fait-elle savoir, d’un brin d’humour !
Depuis lors
Désidérate et son mari s’accordent à dire que changement il y a eu. Leurs cinq enfants vont tous à l’école. L’ainé a 12 ans et pratique déjà un élevage de lapins. Il en a trois, son petit frère en a deux. Depuis qu’ils ont reçu la vache, fertiliser leurs champs n’a plus été un souci. La production du lait a induit des changements tant au niveau nutritionnel que financier. Lorsqu’ils vendent le surplus à la coopérative laitière qui est proche, ils perçoivent de l’argent pour subvenir aux besoins vitaux et planifier d’avantages de projets de développement. Le couple s’est déjà acheté un champ de culture, a rénové la toiture de la maison, etc. De plus, lorsqu’elle va dispenser des formations dans des provinces éloignées, elle gagne de l’argent.
Cette année, le thème de la célébration de la journée internationale des droits de la femme est « Leadership féminin-Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19. » Ce thème rend hommage à l’action exceptionnelle des femmes et filles dans le monde entier pour façonner un avenir plus équitable et relever les défis que la Covid-19 occasionne. La croissance économique en elle-même ne change pas la vie des femmes et des hommes, mais investir dans la résilience des petits producteurs peut faire une vraie différence, durable.
L’exemple de Désidérate Congera est éloquent. D’un ton moralisateur, elle lance un appel à toutes les femmes à s’atteler au travail, de prendre les devants, de participer dans des activités de développement de leur circonscription, de s’affirmer. Elle affirme que quand une femme est active dans son foyer, il y a très peu de chance que son mari la trompe : du fait qu’elle contribue au bien-être de la famille. A celles qui jouent les princesses, elle leur souhaite bon vent !