Lanceuses d’alerte contre la malnutrition : ces femmes qui aident à sauver des vies au Burundi !

Au Burundi, les femmes s’impliquent quotidiennement pour s’occuper de l’énorme défi humanitaire de la malnutrition, grâce à un programme du PAM financé par l’US
Avec 52 pourcents des enfants en retard de croissance, le Burundi a la deuxième prévalence de malnutrition chronique au monde. Les facteurs comprennent entre autres une faible diversité alimentaire et de mauvaises pratiques de soins et d’alimentation associées à des maladies chroniques (diarrhée et paludisme). Les taux de fécondité élevés ainsi que l’espacement à court terme des naissances sont également des facteurs importants de la prévalence de la malnutrition chronique. Ainsi, la lutte contre la malnutrition est le principal défi humanitaire du Burundi. Pour y remédier, le PAM participe au traitement des femmes enceintes et allaitantes souffrant de malnutrition modérée, ainsi que des filles et des enfants de moins de 5 ans dans quatre provinces (Ngozi, Kirundo, Cankuzo et Rutana).
Dans la commune Gisagara, de la province de Cankuzo, dans l’est du Burundi, nous avons suivi Imelde Niyokwizera, dans son travail. Cette mère de cinq enfants, âgée de 45 ans, a été élue et formée pour devenir un agent de santé communautaire, communément appelé « umuremeshakiyago » en kirundi, ce qui veut dire littéralement animatrice
Elle assume diverses responsabilités, y compris celles de la sensibilisation et de la formation des femmes et de leurs ménages sur divers sujets liés à la santé, tels que les bonnes pratiques pour assurer la diversité alimentaire des enfants et des adultes, la santé reproductive et la planification familiale, les conditions d’hygiène dans le ménage, etc. Mais ce qui compte le plus pour elle, c’est la lutte contre la malnutrition. Elle rend visite à plusieurs familles chaque jour, construisant des ponts entre la communauté et le centre de santé de Kigamba, dont elle dépend. Le PAM travaille avec quelques 150 de ces centres avec un programme de traitement de la malnutrition aiguë modérée utilisant des aliments nutritifs spécialisés fournis par l’USAID-BHA.

« Je vais de maison en maison et je commence simplement par une discussion pour en apprendre davantage sur la santé de la famille, tout en glissant quelques suggestions de bonnes pratiques sur une variété de sujets. Il est essentiel de faire de la prévention car les maladies sont souvent liées à la malnutrition. On a besoin d’un œil d’experts pour le reconnaître parce que, si les gens savent toujours qu’ils ont faim, ils ne se rendent pas nécessairement compte qu’ils souffrent de malnutrition aiguë. Je fais donc un dépistage à l’aide d’un périmètre brachial (MUAC). Si nécessaire, nous lançons l’alerte en référant un enfant ou une jeune femme enceinte au centre de santé pour un traitement nutritionnel », explique Imelde, qui supervise 683 ménages.
« Parfois, je dois les escorter jusqu’au centre de santé pour m’assurer qu’ils y vont, parfois pas. Mais quand même, nous vérifions auprès des infirmières si la personne que nous avons signalée s’est présentée ou non. Lorsque la femme ou l’enfant est rétabli, nous continuons à veiller sur eux pour leur apprendre la diversité alimentaire afin que leur état nutritionnel ne recule pas ».
Aujourd’hui, Imelde fait le suivi d’Irakoze Houzaima, une jeune mère de 24 ans. Lorsqu’elle lui a rendu visite pour la première fois, elle pesait 38 kg et était enceinte de 4 mois. Elle était très faible parce que son mari la maltraitait et était sur le point de divorcer. Mais elle a finalement donné naissance à Idrissa cinq mois plus tard. Elle s’est déjà rétablie, tout comme sa relation avec son mari, également grâce aux interventions d’Imelde.
« Imelde m’a rendu visite, m’a examinée avec sa « bande de MUAC » et m’a dit que je souffrais de malnutrition. Je suis allé au centre de santé pour m’inscrire et j’ai commencé à recevoir de la poudre de bouillie à manger trois fois par jour. À l’accouchement, je pesais 47 kg et le bébé 2,8 kg. Idrissa a maintenant sept mois d’âge et un bébé en bonne santé ! Irakoze dit en souriant.

Lorsqu’on l’a interrogée sur sa motivation à faire ce genre de mission volontaire, Imelde répond simplement : « Je suis toujours heureuse quand je vois des femmes et des bébés guéris et sauvés ! », dit-elle.
Elle n’est pas devenue agent de santé communautaire par hasard : elle a été élue pour le faire, ce qui est aussi une source de motivation. Tout a commencé par des réunions organisées par d’autres agents de santé au niveau communautaire pour informer la population sur la nécessité de recruter de nouveaux bénévoles. Imelde a estimé que c’était l’occasion de contribuer au bien-être de sa communauté et a proposé sa candidature, avec d’autres femmes et hommes.
La population locale de la région de Gisagara devait élire ses candidats, en tenant compte de quatre critères : sagesse, sociabilité, dynamisme et alphabétisation. Imelde Niyokwizera a été considérée comme la personne la plus appropriée pour accomplir les tâches exigées de manière fiable et efficace. C’est ainsi qu’elle est devenue l’une des dix femmes parmi les 18 bénévoles du centre de santé de Kigamba, jouant un rôle de premier plan dans la lutte contre la malnutrition.
« Ces femmes sont les héroïnes de la vie quotidienne parce qu’elles aident à sauver des vies ! Sans eux, les centres de santé joueraient moins bien leur rôle. Je remercie sincèrement l’USAID-BHA pour sa généreuse contribution sous la forme de produits alimentaires de grande valeur nutritive. J’encourage d’autres donateurs à nous aider à lutter contre la malnutrition parce que le moment est venu d’intensifier nos efforts ! » explique Housainou Taal, représentant et directeur du PAM au Burundi.
En effet, les activités nutritionnelles du PAM ont contribué à stabiliser la prévalence aiguë des malnutritions chez les enfants âgés de 6 à 59 mois à 6,1 % en 2020. Cela a été rendu possible grâce au traitement du programme de malnutrition aiguë modérée et aux activités de communication sur le changement social et comportementale au niveau communautaire financées par l’USAID-BHA. Toutefois, les défis demeurent énormes au Burundi.
Le PAM a besoin de 3,5 millions de dollars pour pouvoir y faire face entre février et juillet 2021. Et avec des centaines de femmes et d’hommes bénévoles, infirmières, médecins, qui, comme Imelde, se démènent pourréduire la malnutrition, on espère venir à bout de ce fléau !