La FAO et la BAD lancent un programme d’autonomisation alimentaire pour le Burundi, les Comores, la Somalie et le Soudan du Sud
22 mai 2023
Le projet " SEPAREF" a été conçu pour booster la capacité des pays cibles et leurs populations à être plus résilients à différents chocs.
Le coup d’envoi de ce programme a été marqué par le lancement du « Projet de renforcement de la préparation aux urgences et de la réponse aux crises alimentaires au Burundi, aux Comores, en Somalie et au Sud –Soudan/ SEPAREF » dont la FAO est chargée la mise en œuvre. A cet effet, un atelier régional de 3 jours s’est tenu à Bujumbura du 09 au 11 mai 2023 pour procéder au lancement officiel dudit projet dans les 4 pays.
Selon M. Pascal SANGINGA, Chef de secteur agricole à la Banque Africaine de Développement (BAD) Bureau du Kenya, SEPAREF a été conçu pour booster la capacité des pays cibles et leurs populations à être plus résilients à différents chocs.
C’est suite au constat que les communautés rurales vulnérables du Burundi, des Comores, de la Somalie et le Soudan du Sud sont souvent confrontées à de nombreux aléas notamment les effets du dérèglement climatique, se chevauchant avec les conflits, l'impact du COVID-19 et la hausse du coût de la vie.
L’élément catalyseur est le conflit Russo-Ukrainien qui perturbe la chaîne d'approvisionnement mondiale du système alimentaire agricole et qui a aggravé la situation alimentaire dans la Corne de l'Afrique et l'Afrique orientale.
Pour remédier à cette situation, la BAD met à la disposition des 4 pays, via le projet SEPAREF, une enveloppe de 10.560.000USD; soit 2.574.000USD pour le Burundi et le même montant pour les Comores, 2.706.000USD pour la Somalie et autant pour le Soudan du Sud.
Ce financement permettra le renforcement des institutions nationales dans les 4 pays pour mieux répondre aux crises alimentaires actuelles et futures en augmentant la production et la disponibilité des semences de première génération; se servir des outils et des cadres existants pour la préparation aux situations d'urgence ainsi que le développement des opérations d'investissement afin de préserver la sécurité alimentaire dans les localités les plus vulnérables des pays concernés.
Pour atteindre cet objectif, le projet appuiera les institutions nationales de recherche agricole pour la production de quantités suffisantes de semences de première génération de cultures vivrières et fourragères prioritaires de base tolérant la sècheresse ; l'écosystème de l'aide humanitaire pour l'intensification de l'alerte précoce et de l'action anticipative ; les plateformes numériques pour l'enregistrement des agriculteurs, la vulgarisation et les services d'information climatique; ainsi que les institutions nationales responsables de la préparation et de la mise en œuvre des projets d'investissement.
Les bénéficiaires directs de ces interventions multiformes de SEPAREF sont 40 000 agriculteurs (environ 50% de femmes et 20% de jeunes) qui participeront à la conservation in situ des semences de première génération. Néanmoins, les systèmes de données d'alerte précoce et les analyses profiteront à l'ensemble de l'écosystème humanitaire, y compris les pouvoirs publics, les partenaires fournisseurs de ressources, les institutions des Nations unies et les ONG, etc. pour toucher en définitive à plus de 10 millions de personnes dans les quatre pays.
Un pas vers l’autosuffisance alimentaire
Depuis mai 2022, la Banque Africaine de Développement a conçu un plan d’autonomisation alimentaire d’une trentaine de pays africains par le biais de la « Facilité de production alimentaire d’urgence en Afrique (AEFPF) » avec un budget de 1.5 milliards de dollars.
La visée est d’aider les pays africains à augmenter la production et à faire face à la crise alimentaire qui se profile à l’horizon à travers des interventions à court terme visant à augmenter la production de blé, de mais, de riz et de soja. Et cela pour remplacer 30 millions de tonnes de nourriture que l’Afrique importait de la Russie et de l’Ukraine avant la crise en produisant 37,6 millions tonnes nourritures/ cultures vivrières de base, soit une augmentation d’environ 30 pour cent de la production locale en 2025.
Le projet SEPAREF est conçu pour complémenter les investissements des projets AEFPF au Burundi, aux Comores, en Somalie et au Soudan du Sud. Différentes spéculations ont été retenues suivant les pays : Le maïs, le soja, le blé et le haricot pour le Burundi; le maïs, la pomme de terre, le pois d’Angole, les racines & tubercules et les cultures fourragères pour les Comores ; le sorgho et le niébé pour la Somalie et le maïs, le sorgho, le niébé, le riz et le fourrage pour le Soudan du Sud.
Les 4 pays de SEPAREF avaient bénéficié de la facilité AEFPF, mais ils avaient été confrontés pour la plupart au problème de semences de qualité qu’ils ne disposaient pas et qu’il fallait importer. La BAD veut appuyer les pays à produire eux-mêmes les semences de qualité et à concevoir des systèmes semenciers durables et résilients.
« Avec les semences de qualité, les engrais et la vulgarisation agricole en apportant des conseils aux petits producteurs, on peut facilement doubler la production », estime M. Pascal SANGINGA, Chef de secteur agricole à la Banque Africaine de Développement Bureau du Kenya. Il souligne que le projet SEPAREF permettra de répliquer l’expérience du programme « Technologies pour la Transformation de l'agriculture en Afrique (TAAT) » dans les pays où il n’a pas été mis en œuvre. Le programme a produit de bons résultats et réalisations qu’il faut mettre à l’échelle.