Au Burundi, les communautés hôtes et les personnes rapatriées marquent des points pour la paix à travers le sport
L'OIM Burundi organise des jeux sportifs dans le cadre des efforts visant à favoriser la cohésion sociale et la réintégration.
Province de Rutana, Burundi - Etienne est arrivé dans son village d'origine au Burundi par un après-midi ensoleillé de la fin du mois de septembre, en provenance de la République-Unie de Tanzanie où il vivait en exil depuis près de sept ans. De retour dans les collines verdoyantes de la province de Rutana, il a trouvé sa maison détruite et sa réintégration entravée par des tensions communautaires.
Les tensions vécues par Etienne dans sa province d'origine sont caractéristiques de nombreuses zones de retour au Burundi, les communautés hôtes et les rapatriés se partageant des ressources qui s'amenuisent, notamment la terre et les moyens de subsistance. Le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) estime que depuis 2017, plus de 200 000 Burundais ont reçu une aide pour rentrer volontairement dans leur pays d'origine depuis les pays voisins.
Renouer sur le plan social et interpersonnel avec leurs communautés d'origine, surtout après plusieurs années d'absence, pose des défis aux personnes rapatriées dans leur réintégration.
Après sept ans à l’étranger, Etienne n'a pas retrouvé intacts les liens qu'il avait tissés avec sa communauté. Des tensions et des malentendus peuvent apparaître entre les membres de la communauté hôte et les personnes rapatriées, nuisant potentiellement aux interactions pacifiques et à l'établissement d'une confiance et d'un respect mutuels.
L'OIM Burundi met en œuvre des activités visant à favoriser la cohésion sociale, y compris des jeux sportifs, dans le cadre des efforts visant à favoriser la réintégration.
Sept mois après son retour, Etienne raconte comment ces activités ont permis aux membres de sa communauté de se réunir et de se réconcilier.
"Je peux avoir un différend avec mon voisin, mais quand nous venons ici, nous nous retrouvons ensemble à regarder le match de football et à rire, nos différends disparaissent."
L'OIM organise des compétitions sportives amicales telles que des courses en sacs et des matchs de football pour rassembler les personnes rapatriées, les personnes déplacées internes (PDI) et les membres de la communauté hôte en équipes travaillant ensemble pour s'entraîner en vue des tournois. Le jour de l'événement, de nombreux membres de la communauté d'Etienne se réunissent pour regarder les jeux et les compétitions et discuter des sources de tension dans leur communauté, ce qui contribue à renforcer la coopération et à instaurer une confiance mutuelle.
"Lorsqu'il y a un match, même si nous avons un conflit et que nous venons au match sans nous parler, nous nous retrouvons sur le terrain pour soutenir la même équipe. Nos différends peuvent avoir duré une semaine, mais parce que nous sommes ensemble pour soutenir la même équipe, nous construisons une relation, nous oublions nos différends et nous refaisons la paix", explique Etienne, qui apprécie sa participation à ces activités.
Le sport est ainsi un puissant outil pour renforcer ou créer des liens sociaux, et promouvoir les valeurs de paix, de solidarité, d'inclusion et de non-violence. "Les activités socioculturelles organisées par l'OIM sont l'occasion pour les personnes de toutes les catégories sociales - rapatriées, déplacées internes et membres de la communauté hôte - de se réunir pour construire des relations plus fortes et de s'engager les uns avec les autres dans un cadre créatif, positif et pacifique", note Alva Fredman Klockar, Chargée de projet pour la transition et le relèvement à l'OIM Burundi.
Partout dans le monde, la pratique du sport et ses valeurs inspirent les individus à briser les cycles de violence et d'exclusion et à adopter des relations plus durables et pacifiques. C'est pour ces raisons que le 6 avril a été déclaré Journée internationale du sport au service du développement et de la paix et qu'elle est célébrée chaque année depuis 2014. Cette journée est l'occasion de célébrer le pouvoir du sport pour stimuler le changement social, le développement communautaire, encourager l'équité et l'inclusion et favoriser la paix et la compréhension entre les personnes, les communautés et les nations.