Les réfugiés vivant au Burundi démontrent leurs talents et leurs connaissances en contribuant activement à la communauté hôte et au pays d'accueil.
Les réfugiés contribuent activement au développement et à la cohésion sociale des communautés hôtes et du pays d'acceuil.
Ils sont près de 90,000 au Burundi et vivent dans cinq camps dans les provinces de Ruyigi, Cankuzo et Ngozi, ainsi qu’en milieu urbain à Bujumbura, Rumonge et ailleurs. Certains parmi eux, sont arrivés il y a plus de 20 ans. Bien qu’ils soient de nationalités variées, la majorité vient de la République démocratique du Congo (RDC). Ils sont aussi de tous les métiers : charpentiers, mécaniciens automobiles, tôliers, peintres, coiffeurs, danseurs, chanteurs, chorégraphes, journalistes, footballeurs, etc.
Dalton, est un exemple concret. La quarantaine dépassée, un peu de barbe blanche, marié et père de neuf enfants, il habite au camp de Nyankanda en province Ruyigi depuis son arrivée au Burundi en 2019, depuis Lubumbashi en RDC.
Robuste et dynamique, diplôme de chimie en main, sa soif du savoir n’est pas pourtant pas assouvie. Il s’inscrit donc dans la section pédagogie à l’école secondaire du camp. En même temps, il s’organise pour avoir une activité génératrice de revenu. C’est ainsi qu’il s’associe alors avec des réfugiés du camp et des Burundais des alentours du camp pour commencer des activités agricoles sur un terrain loué, avec un capital initial de huit cent mille francs burundais reçu du HCR par le biais de son partenaire Jesuit Refugee Service (JRS). Ils plantent et récoltent du Soja et fabriquent des produits de nutrition pour les poules. Avec un gain de trois millions de francs burundais, ils décident d’équiper une menuiserie et mettre en place un atelier de fabrication meubles, appelé « Etalon ».
« Nous avons acheté une scie électrique, des rabots électriques, des scies manuelles, des scies sauteuses, un générateur, des rabots à main, un tablier, etc., », énumère fièrement Dalton, en les montrant du doigt et en touchant ceux qui étaient proches.
Il se dirige ensuite dans un coin de l’atelier où se trouvent des meubles déjà fabriqués.
« Nous fabriquons des armoires, des chaises, des portes, des chaires d’église, des bancs et des pupitres. Ceci est une grande commande pour plus d’un million de francs : une table à manger, un ensemble de six chaises, une armoire, des lits, etc. », dit-il en montrant fièrement du doigt son accomplissement.
Une collaboration positive et une cohabitation pacifique entre les réfugiées et la population hôte
Ndayikeza Emmanuel est un Burundais de 26 ans, marié et père de deux enfants. Il habite dans les alentours du camp de réfugiés de Nyankanda. Il s’est associé avec Dalton dans le projet de fabrication de meubles.
« Je ne connaissais rien en menuiserie quand j’ai commencé avec Dalton et je n’avais rien. Il m’a formé et aujourd’hui je suis un bon menuisier. Ce travail m’a permis de m’acheter trois chèvres », confie Emmanuel, le sourire aux lèvres.
L’avantage d’associer les Burundais est qu’ils connaissent le milieu. Ce sont eux qui cherchent les planches à bon prix. Ils négocient avec les clients et cherchent des marchés d’écoulement des produits, ce qui n’est pas toujours facile pour les autres associés congolais qui ne parlent pas langue locale, le kirundi.
« Il est essentiel d’associer les Burundais dans notre projet. Nous le faisons aussi dans le but de leur permettre de s’en approprier et de poursuivre les activités après notre départ. C’est notre contribution au développement du pays qui nous a accueillis. », observe Dalton.
Les deux communautés (Burundais et réfugiés) vivent en symbiose. Ils fréquentent le même marché se trouvant à côté du camp, la population locale a accès aux soins de santé au centre de santé du camp et ont accès à son réseau d’eau.
« Nous encourageons beaucoup les activités génératrices de revenus conjointement menées par les personnes forcées à se déplacer et à quitter leur pays d’origine et la population qui les a accueillies. Elles permettent aux réfugiés de compléter l’assistance humanitaire qui a beaucoup diminué et en même temps améliorent les relations entre refugiés et les communautés hôtes » a assuré Brigitte Mukanga-Eno, Représentante du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Burundi.
Des activités diversifiées d’autonomisation
Le HCR et ses partenaires soutiennent les activités d’autonomisation dans tous les camps du Nord, Kinama et Musasa, et ceux de l’Est, Nyankanda, Bwagiriza et Kavumu, ainsi qu’en milieux urbains à Bujumbura et à Rumonge,
Ces activités sont nombreuses et variées. Ils comprennent des associations villageoises d'épargne et de crédit (VSLA), des coopératives d'apiculture, de savonnerie, de pisciculture, de culture des champignons, de petit élevage et de petit commerce, la gestion des centres multimédias entre autres.
Augustin, 37 ans et père de quatre enfants, habite au camp de Kavumu en province Cankuzo, depuis son arrivée au Burundi en 2015.
Il s’est aussi associé aux Burundais qui vivent aux environs du camp et quelques réfugiés pour faire de l’apiculture. Ils sont au total dix personnes dans cette coopérative qu’ils ont appelé Coopérative des Réfugiés et Burundais éleveurs d’abeilles, « CORBEA ».
Ils ont commencé cette activité avec 20 ruches traditionnelles sur deux sites offerts par les associés burundais. Ils ont ensuite reçu du HCR à travers son partenaire Refugee Education Trust (RET) des soutiens pour augmenter le nombre de ruches traditionnels jusqu’à 250 et pour acheter 20 ruches modernes.
« Notre perspective est de produire des quantités importantes de miel de qualité et d’évoluer en une unité de production de produits dérivés comme les pommades et les bougies », a déclaré Augustin
Le HCR et ses partenaires dispensent des formations en gestion de petites affaires et entreprenariat aux membres des coopératives, groupements et associations.
Brigitte Mukanga Eno a aussi souligné l'importance d'aider les personnes avec et pour lesquelles le HCR travaille à développer les compétences nécessaires pour réussir dans leurs activités génératrices de revenus. Elle a également exprimé sa gratitude envers les bailleurs, en particulier l'Union européenne et le Bureau pour les Populations, les Réfugiés et les Migrations, pour leur soutien en faveur des programmes d'autonomisation dans les camps de réfugiés.
Ces initiatives ont connu des résultats probants, mais nécessitent davantage de soutien pour améliorer leurs produits et performances.
Le HCR soutient 24 coopératives, groupements et associations, comprenant 642 individus au Burundi.