Agir avant les inondations, une lueur d’espoir pour les ménages exposés aux catastrophes climatiques
Le projet MERANKABANDI assiste les ménages menacés par les inondations causées par la montée des eaux du lac Tanganyika et ses affluents.
Grâce aux actions anticipatoires appuyées par le PAM et le gouvernement du Burundi à travers le projet MERANKABANDI, les ménages menacés par la montée des eaux du lac Tanganyika et ses affluents atténuent l’impact des inondations sur leurs moyens de subsistance.
Les champs commencent à fleurir au Burundi, même dans les zones récemment envahies par la montée des eaux du Lac Tanganyika et de ses affluents.
Evelyne et les autres membres de sa communauté se sont donné rendez-vous pour travailler dans les champs où se trouve ses plantations de manioc dans la province de Cibitoke, au nord-ouest du Burundi. Des centaines de houes, pelles, et coupe-coupe sont à l’œuvre pour canaliser l’eau égouttée à la suite de la montée du lac Tanganyika. Avec une surface à cultiver de moins de 0,2 hectare par ménage, pour la plupart, c’est la seule source de revenus.
“Voyez-vous, mes champs commencent à fleurir. Avant, on ne faisait pas de canalisation. Toute l’eau des pluies se déversait dans les champs ce qui anéantissait la récolte ”, partage Evelyne se rappelant de fortes pluies de novembre 2023 qui ont détruit toute sa récolte de manioc.
Pour cette cheffe de ménage mère de 4 enfants qui dépend de l’agriculture pour subvenir aux besoins de sa famille, la perte de sa récolte a été dramatique.
La saison dernière j’escomptais avoir une bonne récolte, mais l’eau a tout emporté. Je me levais chaque jour sans savoir si j’allais trouver de la nourriture pour mes enfants », se souvient-elle.
Telle est l’épreuve qu’ Evelyne a dû affronter à la suite des aléas climatiques qui ont frappé le Burundi depuis septembre 2023. Les fortes précipitations dues au phénomène El Niño ont provoqué la montée des eaux des rivières et du lac Tanganyika et ont entraîné de graves inondations qui ont forcé quatre-vingt-dix-huit mille (98 000) personnes à se déplacer. Plus de 40 000 hectares de champs de cultures ont été détruits et plus de 19 000 habitations endommagées.
Une lueur d’espoir renaît pour les familles victimes des aléas climatiques
Alors que les prévisions météorologiques projetaient qu’au mois de mai 2024, les eaux du lac Tanganyika atteindraient un niveau jamais enregistré au Burundi, le gouvernement à travers le projet de protection sociale MERANKABANDI (mot Kirundi qui veut dire : “Sois comme les autres”) financé par la Banque Mondiale a apporté un financement additionnel à celui de l’Union européenne (ECHO) pour permettre la distribution de cash et la mise en œuvre d’actions anticipatoires dans les communes de Buganda, Rugombo, Nyanza Lac et Kabezi des provinces de Makamba, Cibitoke et Bujumbura rural, situées en bordure du Lac.
Dans ces localités à fort risque d’inondations, des messages d'alerte précoce et des ateliers de sensibilisation sur les mesures d’anticipation pour protéger les récoltes et les habitations ont été diffusés par la Croix-Rouge du Burundi (CRB), de Mars à Mai 2024. De plus, 4342 ménages,soit 21710 personnes particulièrement vulnérables ont reçu du cash (230 000 Francs Burundais par ménage, soit environ 81 dollars américains) pour mettre en œuvre des mesures anticipatoires, en particulier renforcer leurs habitations.
Les effets positifs des mesures anticipatoires mises en œuvre par les bénéficiaires du projet sont visibles. Evelyne en est le témoin direct.
“Quand on nous appelle à l’action communautaire, tout le monde se porte volontaire. Et chacun peut aujourd’hui témoigner des bienfaits de la canalisation de l’eau sur ses rendements agricoles », se réjouit Evelyne. « Pour cette saison, je pourrais récolter au moins 100Kg de manioc”, ajoute –t-elle.
Malgré le pic de la montée des eaux du lac Tanganyika, Evelyne pourra subvenir aux besoins de ses enfants grâce aux revenus issus de la récolte de ses propres semences.
« L'information a été un élément important de l'assistance », déclare Tharcisse Ntakarutimana, chef de la colline de Rusiga dans la province de Cibitoke.
“ Beaucoup d’espaces cultivables étaient complétement inondés et les champs incultivables. Grâce aux messages de sensibilisation, la population a su comment les aménager à temps et aujourd’hui, ils peuvent récolter”, affirme Tharcisse.
Denise, originaire aussi de la province de Cibitoke, explique comment elle a utilisé l’assistance monétaire reçue du PAM :
“Avant de nous distribuer de l’argent, on nous a livré plusieurs conseils y compris comment prévoir des canalisations et aménager nos maisons pour que l’eau des pluies soit évacuée et n’attaque pas les fondations.”
“Avec les 230 000 FBu, j’ai acheté du ciment, du gravier, du sable et poser un caniveau autour de ma maison pour évacuer l’eau des pluies”, témoigne cette mère de 7 enfants.
Grâce à ces travaux, la maison de Denise a pu résister aux eaux abondantes qu’a connu sa localité.
“Sans cette assistance, ma maison aurait été emportée. Je serais à la rue en train de vadrouiller avec mes enfants”.
Les personnes ciblées par le projet d'aide à l'action anticipatoire étaient les ménages les plus susceptibles d’être durement touchés. Le PAM et la croix Rouge ont collaboré avec les autorités locales pour arriver à atteindre les plus vulnérables et les assister à temps.
“L’assistance du PAM a permis aussi à de nombreuses familles de renforcer leurs abris, mais malheureusement il y a beaucoup de ménages qui ont besoin d’aide et qui n’ont pas bénéficié de cette assistance”, indique Tharcisse, demandant que ce projet d’actions anticipatoires soit renforcé pour atteindre d’autres familles exposées au risque de catastrophes naturelles liées au changement climatique.