En cas d'insuffisance de financement, les réfugiés sont souvent les premiers à en souffrir car ne pouvant travailler dans le pays d'accueil ni rentrer chez eux,
Alors que les coups de feu se rapprochaient de sa maison, Francine a pris ses onze enfants et s’est enfuie vers la rivière Rusizi, cherchant désespérément à se mettre à l'abri dans le pays voisin, le Burundi.
« J’avais tous les enfants avec moi, mais lorsque nous sommes arrivés à la rivière, deux d’entre eux avaient disparu. À ce jour, je ne sais toujours pas où ils sont », dit-elle en berçant son plus jeune enfant, endormi dans ses bras.
Francine fait partie des 71 000 Congolais, majoritairement des femmes et des enfants, qui ont fui vers le Burundi en raison de la recrudescence de la violence dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC).Les écoles, les églises et les centres de transit se sont transformés en abris surpeuplés, mettant à rude épreuve les ressources humanitaires déjà limitées.
Francine et sa famille ont d’abord trouvé refuge dans un stade de sport à Rugombo, mais la survie est rapidement devenue une lutte quotidienne. « Nous recevions des repas chauds, mais ils n’étaient pas suffisants pour nourrir toute ma famille, et je devais demander de la nourriture en plus à d’autres famille, » explique-t-elle.
En mars, des milliers de réfugiés, dont Francine, ont été transférés au site de réfugiés de Musenyi, à l’est du pays. Conçu pour accueillir 10 000 personnes, le site en abrite aujourd’hui près de 20 000. Les ressources telles que la nourriture, l’eau, les soins de santé, l’assainissement et l’éducation sont toutes en quantité insuffisante.
Légende: Francine est l'une des 71 000 réfugiés congolais qui ont fui les violences dans l'est de la RDC depuis le début de l'année.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) soutient les nouveaux arrivants grâce à une aide alimentaire vitale sous forme de transferts monétaires et de nourriture. Il soutient également un groupe existant de 60 000 réfugiés à travers une assistance humanitaire et des initiatives d’autonomie telles que l’intégration aux filets de sécurité nationaux et des activités génératrices de revenus.
Cependant, l’arrivée massive de nouveaux réfugiés, combinée au manque de financement, a contraint le PAM à réduire de moitié les rations alimentaires destinées à tous les réfugiés au Burundi. Les opérations du PAM en faveur des réfugiés à travers l’Afrique souffrent d’un sous-financement sévère, avec certaines financées à seulement 20% des besoins.
Lorsque les financements sont insuffisants, les réfugiés sont souvent les premiers à en souffrir. Ne pouvant pas travailler dans le pays d’accueil et sans possibilité de rentrer chez eux, ils dépendent de l’aide alimentaire pour reconstruire leur vie en sécurité.
« Chez nous, nous avions une bonne vie. Je vendais des beignets et nous cultivions notre terre, tandis que mon mari travaillait dans une boucherie. Mon commerce marchait bien et les bénéfices servaient à payer les frais de scolarité de mes enfants et à couvrir nos besoins quotidiens, » raconte Francine.
Aujourd’hui, Francine gère soigneusement le peu de nourriture que sa famille reçoit. « Nous mangeons deux fois par jour pour que ça dure, mais ce n’est jamais suffisant, » dit-elle. « J’emprunte de la nourriture à d’autres, en promettant de rembourser après la prochaine distribution, mais cela signifie que je commence chaque mois avec des dettes. »
« Si j’avais un peu plus de soutien, je pourrais relancer un petit commerce et reconstruire ma vie, » ajoute-t-elle.
Le PAM a un besoin urgent de 17,7 millions de dollars américains pour fournir des rations complètes aux réfugiés au Burundi jusqu’en 2025. Sans ce financement, l’aide alimentaire sera entièrement suspendue d’ici novembre.