Histoire de traite des personnes et de violence basée sur le genre
D'un cycle de violence basée sur le genre et d’exploitation au bien-être émotionnel et au confort économique
« On crache sur toi, on te baffe, je ne mangeais presque pas et j’ai été abusée sexuellement » explique Lydie en décrivant son expérience traumatisante à l’étranger.
"Un ami, m'a dit que dans les pays du Golfe, j'aurais l’opportunité de travailler et être rémunérée d’un salaire allant jusqu’à 300 dollars américains par mois. Après en avoir discuté avec mon mari et eu son accord, j’ai commencé le processus avec une maison de recrutement ".
Séduite par l’offre, Lydie embarque dans une nouvelle aventure. Mais en réalité, Lydie avait été vendue au profit d’une agence en Arabie Saoudite, comme femme de ménage. Elle sera contrainte de travailler beaucoup d’heures sans repos et sans être payée. Le cas de Lydie est loin d’être unique au Burundi. D'autres jeunes filles et femmes comme elle, ont connu pire. Pres de 62% des victimes de la traite assistées par l’OIM en 2020 sont également des survivants de violence basée sur le genre.
« Ce sont des grands salons, qu’il faut nettoyer de fond en comble et à longueur de journée, on ne cesse de vous répéter "tu m’as coûté cher". Tu n’as pas le droit de t’asseoir, peu importe si tu dors à minuit ou à 2 heures, à 4 heures du matin, tu dois être debout » explique-t-elle.
"Comme si cela ne suffisait pas, j’ai été abusée sexuellement par mon employeur” elle ajoute.
Lydie est tombée malade à cause des conditions de travail très difficiles et n'a pas pu continuer à travailler. Son employeur et son agence de recrutement ont donc décidé de la renvoyer dans son pays d'origine, le Burundi, mais son voyage n'a été payé que jusqu'au Kenya. Faute de moyens financiers, elle n'a pas pu quitter le Kenya, où elle a été à nouveau exploitée sexuellement et est tombée enceinte.
L'exploiteur de Lydie l'a alors envoyée directement au Burundi, où elle a été violemment rejetée par son mari en raison de son expérience à l'étranger. Elle a été contrainte de retourner chez sa mère, avec ses deux enfants.
Lydie a été référée par une organisation non gouvernementale locale à l'Organisation internationale pour la migration où elle a reçu un soutien psychosocial et une aide financière pour l'aider à démarrer une activité génératrice de revenus.
Elle a choisi d'avoir un magasin et depuis son entreprise a grandi. Elle a pu engager d'autres femmes de la région pour travailler dans son magasin. Six mois après avoir ouvert son entreprise Lydie a utilisé les bénéfices des ventes pour acheter un petit terrain et subvenir aux besoins de sa famille.
Son rêve le plus cher : Acheter un terrain pour chacun de ses enfants dans le futur et agrandir encore plus son entreprise. Elle nous indique « A chaque fois que j’offre du travail à d’autres femmes, je diminue leurs faiblisses et je réduis le nombre de celles qui seront tentées d’aller chercher du travail ailleurs et subir les atrocités que j’ai moi-même subies ».