Allocution du Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies au Burundi, M. Damien Mama à l'occasion du Mini-Table Ronde du Gouvernement avec les Partenaires
Bujumbura, NTARE RUSHATSI HOUSE, le 10 décembre 2021
Excellence Monsieur le Président de la République
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les ministres, autorités à divers niveaux de l’Etat
Chers partenaires et amis du Burundi
Je voudrais, tout d’abord, profitant d’être le premier à prendre la parole, présenter au peuple Burundi et aux familles des victimes les condoléances à la suite du drame qui s’est produit il y a quelques jours dans la prison de Gitega.
Je voudrais ensuite féliciter et remercier son Excellence Mr le Président de la République d’avoir initié cette mini table ronde qui nous permet, à nous les partenaires, d’avoir une opportunité de dialoguer et d’apporter notre modeste contribution à la réflexion sur les questions de développement du Burundi. Cette rencontre illustre, encore une fois, l’élan d’ouverture et de partenariat impulsé par vous-même, Excellence Mr le Président, depuis votre élection à la tête du Burundi.
C’est donc avec beaucoup d’intérêt que j’ai suivi votre discours d’ouverture et diagnostic sincère et sans appel que vous avez fait du paysage de l’aide publique au développement. Vous avez très bien planté le décor pour nos discussions d’aujourd’hui, en nous demandant de nous exprimer sans faux fuyants.
Excellence Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs
Les quelques remarques que je voudrais partager ici s’inspirent de ma pratique de l’aide au développement, des discussions avec les partenaires, et des expériences entre partenaires et entités gouvernementales.
Donc, d’autres partenaires pourront revenir sur certains des sujets que je vais évoquer et bien d’autres qui font leurs spécificités.
Veuillez donc me permettre, Excellence, de partager 5 grands messages avec vous :
Premièrement, tous les partenaires sont unanimes sur la pertinence de cette rencontre et partagent votre volonté et celle de votre gouvernement d’améliorer l’efficacité de l’aide au Burundi. Nous sommes donc demandeurs du leadership gouvernemental pour plus de cohérence et d’efficacité dans nos appuis respectifs aux priorités nationales du Burundi. C’est pourquoi, les Partenaires encouragent le gouvernement à assurer la mise en place de mécanismes de concertations régulières entre les différents acteurs du développement, aux principaux niveaux politiques, stratégiques, et opérationnels.
Deuxièmement, le leadership national que vous voulez, que nous voulons, pourrait s’exercer de façon effective à travers des mécanismes de coordination connus de nous tous avec des points d’ancrage institutionnel pertinents. Et nous gagnerons davantage en efficacité collective quand les termes de référence ou les lettres de mission clarifient aussi les interfaces entre institutions impliquées (présidence, ministères sectoriels, gouvernance locale, partenaires, groupes sectoriels…). Nous avons la foi qu’une bonne architecture de coordination de l’aide devrait faciliter l’application des principes de la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, notamment l’Appropriation, l’alignement, l’harmonisation, la gestion axée sur les résultats, et la redevabilité mutuelle.
L’architecture gagnerait également à prendre en compte le Plan National de Développement et le Programme National de Capitalisation de la Paix, Stabilité Sociale et Promotion de la Croissance Economique (PNCP-SS-PCE), ainsi que leurs déclinaisons en plans sectorielles et plans d’actions accompagnées d’un mécanisme de suivi.
En somme, le rôle central des autorités à faciliter la coordination de l’aide doit continuellement permettre d’avoir des orientations stratégiques claires, des mécanismes de coordination efficaces, et un système de redevabilité mutuelle qui éviteraient les interventionnismes parfois déplorés çà et là dans la gestion quotidienne de l’aide.
Troisièmement, les partenaires souhaitent que dans notre marche commune pour améliorer l’efficacité de l’aide, nous accordions de la place, et une grande place, aux engagements internationaux auxquels le Burundi a souscrit notamment les droits de la personne humaine dans toutes leurs dimensions ainsi les objectifs de développement durable. C’est pourquoi nous vous encourageons dans votre vision de renforcer la bonne gouvernance dans toutes ses dimensions pour plus d’efficacité dans la définition et la mise en œuvre des politiques de développement qui ne laisse personne de côté.
Quatrièmement, je voudrais dire que l’efficacité de l’aide dépend de ce qu’en font le gouvernement et ses partenaires. Ce partenariat dépend de relations complexes, parfois difficiles, mais constructifs. Par exemple, bien que la préoccupation des partenaires soit de répondre aux attentes du Burundi, ces derniers ont également la responsabilité de conformer leurs actions aux principes des Etats qu’ils représentent.
C’est pourquoi le dialogue constructif est la meilleure voie telle que vous l’avez initié aujourd’hui, Excellence Monsieur le Président.
Enfin, Excellence Mr le Président, il y a quelques questions pratiques qui reviendront continuellement à l’agenda de nos discussions à tous les niveaux : la question de la capacité du pays à absorber les ressources qui sont mises à sa disposition, la question de la gouvernance des données statistiques qui fondent les décisions et qui facilitent le suivi, et bien sûr votre cheval de bataille qu’est la bonne gouvernance à travers l’appropriation et l’application effective de votre vision par tous les niveaux décisionnels de l’administration publique.
Nous sommes convaincus que sur toutes ces questions, il est possible et il sera possible de se mettre autour de la table et de trouver des solutions pragmatiques dans l’intérêt supérieur de toutes les Burundaises et de tous les Burundais.
Je vous remercie