Le projet PRRRSAN clôture sous une bannière de succès
Le projet PRRRSAN a amélioré les moyens d’existence de 37 500 ménages bénéficiaires (225 000 personnes) se trouvant dans une situation de précarité.
Ses activités, ses interventions, son appui, son accompagnement, …, aux populations rurales n’auront duré que 4 ans, pourtant le « Projet de Renforcement de la Résilience des communautés Rurales pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle » laisse derrière lui un impact hors pair. Le PRRRSAN relève d’un vaste programme de résilience : composante TUBEHONEZA Financé par l’Union Européenne. Il était mis en œuvre par le consortium des agences des Nations Unies composé par la FAO comme agence chef de file, le PAM, le FNUAP et l’UNICEF sur une période allant du 25 août 2018 au 31 août 2022.
Des milliers d’agro-éleveurs désormais aguerris en bonnes pratiques modernes d’agriculture et d’élevage, une production agricole autosuffisante, des activités génératrices de revenus créées et florissantes, des enfants guéris de la malnutrition, des conflits sociaux réglés sans recours aux autorités judiciaires, …, ne sont qu’une illustration sommaire de l’impact du projet au sein des populations bénéficiaires qui grouillaient dans la précarité avant sa mise en œuvre.
« Le projet PRRRSAN du programme Résilience dans la composante TUBEHONEZA a amélioré les conditions de vie des populations qui ont eu la chance de bénéficier de ses appuis multiformes. Quand ils cultivent, ils obtiennent de bonnes récoltes grâces aux techniques modernes d’agriculture et d’élevage qu’ils ont apprises. Aujourd’hui, ils épargnent et se donnent des crédits entre eux, une pratique qui était inconnue au sein de la population avant le projet », confirme M. Cléophas Nizigiyimana, Gouverneur de la province Bubanza. Cette autorité ne tarit pas d’éloges, il indique que les bénéficiaires appliquent avec brio les leçons apprises.
En effet, au début du projet, les populations ciblées des communes Gihanga et Rugazi dans la province Bubanza, Gisuru et Kinyinya dans la province Ruyigi, Mishiha et Gisagara de la province Cankuzo, qui constituaient la zone d’intervention du projet, étaient dans une situation d’existence moins rassurantes. Une forte densité de la population estimée à 470 hab/km2, la production agricole déficitaire, l’insécurité alimentaire atteignant 50 % au sein d’une population également affectée par la malnutrition aigüe globale de 5 % et une malnutrition chronique chez 56 % des enfants de moins de 5 ans, …, autant de défis que le projet PRRRSAN était amené à relever. Présentement, ces situations ont été sensiblement améliorées avec des taux réduits en dessous des seuils de référence pour ces indicateurs dans la plupart des 37500 ménages qui constituaient la cible du projet.
Une fin heureuse au projet
Dans un périple d’une semaine, commune par commune, les émissaires de la FAO, aux côtés de l’administration et des services techniques du ministère de l’environnement, de l’agriculture et d’élevage au niveau provincial, ont décerné des certificats à 5400 lauréats des Champs Ecoles de Producteurs (CEP).
« Désormais, vous allez œuvrer sur vos collines aux cotés des moniteurs agricoles pour aider vos voisins à relever les défis d’agriculture et d’élevage qui sont liés au manque de connaissances », Mme. Spéciose Ndikumana, Coordinatrice-région Est dudit projet, s’est ainsi adressée aux membres des CEP. Pour propulser en avant ces experts locaux en pratiques modernes d’agriculture et d’élevage, la FAO a octroyé à chaque CEP, des 1800 CEP mis en place, 5 pulvérisateurs, 5 arrosoirs, 12 houes et beaucoup d’autres outils nécessaires ainsi que des semences maraîchères, de quoi nourrir la joie des bénéficiaires.
Comme le dit si bien Mahatma Gandhi, c'est dans l'effort que l'on trouve la satisfaction, un plein effort est une pleine victoire. Les bénéficiaires directes du projet ont investi beaucoup d’efforts et de temps pour arriver à améliorer leur moyens d’existence à l’exemple de Mme Epérence Mbatirirehe. « Avant, je cultivais en désordre en mettant dans un même champs plusieurs sortes de cultures, mais aujourd’hui, je cultive en ligne en utilisant de bonnes pratiques agricoles, ce qui me permet d’avoir une bonne récolte. Mieux encore, nous avons acquis des connaissances agricoles que personne ne peut nous prendre grâce aux facilitateurs qui nous ont suivis durant tout le temps du projet », s’en réjouit-elle.
Les acquis en matière technique agricole réjouissent plus d’un. Mme Euphémie nzobatohana de la colline Vumwe en commune Kinyinya témoigne que sa famille ne connaît plus de disette à certaines périodes de l’année comme c’était le cas avant le projet. « Grâce aux bonnes récoltes obtenues à chaque saison culturale et au crédit en vivre octroyé par PAM en période de soudure via les Greniers Féminins de Soudures (GFS) construits par la FAO, la précarité alimentaire a été combattue et vaincue dans mon foyer, c’est pareil pour mes voisins appuyés par le projet », fait-elle savoir.
Le regroupement dans chaque CEP d’une trentaine de personnes a permis au projet de les organiser en Association villageoise d’Epargne et de Crédit (AVEC). L’agent épargné puis remis aux membres sous forme de crédits a permis de générer des intérêts pour les épargnants et de démarrer des activités génératrices de revenus (AGR).
« Avant de rejoindre le projet, j’étais démuni. En 2020, j’ai emprunté 250 milles francs. Cet argent m’a permis de cultiver 10 ares de riz. Avec l’argent obtenu de la vente de la récolte, j’ai acheté une motopompe pour arroser mes champs. En 2021, j’ai fait un emprunt 600 mille pour cultiver le maïs et le riz. L’argent obtenu à la vente m’a permis de cultiver les tomates, lesquelles tomates ont été vendues à plus de 2 millions. Cet argent a été réinvesti en cultivant un hectare de riz. Quand j’ai vendu la récolte, j’ai eu plus de 6 millions. Aujourd’hui, je suis en train d’exécuter un projet d’élevage de poissons », témoigne Nathan Vyizigiro de la colline Rugunga en commune Gihanga. Celui-ci indique qu’il a déjà embauché deux employés et rêve d’arriver à un niveau où les diplômés et les non diplômés travailleront dans une poissonnerie qu’il projette mettre en place.
En effet, pour arriver à ces résultats grandiloquents, d’importants moyens ont été engagés pour augmenter et diversifier d’une façon durable la production agricole et assurer le transfert monétaire en vue de la création d’actifs productifs et la protection des semences.
Durant les 4 ans de mise en œuvre du projet, 369 multiplicateurs de semences, 12000 ménages vulnérables et 2 406 ménages rapatriés et victimes des aléas climatiques ont été appuyés en semences de qualité améliorée à savoir le maïs certifié et le haricot bio fortifié ainsi que la patate douce à chair d’orange. Un total de 360 groupes champs-école paysans (CEP) ont été mis en place et appuyés en semences auxquels il faut ajouter 10 800 producteurs/trices qui ont été formés. Le projet a entre autres créé des chaînes de solidarité communautaires par la distribution de plus de 4 milles caprins femelles et mâles, la construction de 12 greniers féminins de soudures et la création des actifs productifs communautaires en facilitant l’accès aux crédits par les familles membres des Caisses de Résilience. Le projet a également investi dans le développement d’un programme de lutte intégrée contre la chenille légionnaire d’automne, ravageur menaçant la culture du maïs dans sa zone d’intervention.
Comme aboutissement de ces actions, les pratiques agro-sylvo-pastorales ont été adoptées par plus de 70% de bénéficiaires. Près de 80% des ménages ciblés ont augmenté leur production des principales cultures notamment le haricot, le maïs, la patate douce et les cultures maraîchères. Les 360 Associations villageoise d’épargne-crédit créés ont été renforcées. Les besoins alimentaires ont été couverts à plus de 100% durant la période du projet. Plus de 4000 hectares de bassins versants ont été protégés pour certains et d’autres ont aménagés. Près de 530 millions de Francs bu ont été transférées aux 12.000 ménages vulnérables bénéficiaires des semences pour la protection de ces dernières alors que d’autres 3 milliards ont été transférés à plus de 34 milles ménages pour la création d’actifs productifs. Il est à noter que plus de 70 tonnes de vivres ont été rendus disponibles par le PAM pour la mise en place des greniers communautaires aux profits des familles en situation de besoin alimentaire durant les périodes de soudure.
De la malnutrition vaincue
La prévention et traitement de la malnutrition étaient le mot d’ordre des actions de l’UNICEF, partenaire de la FAO, PAM et FNUAP, au profits des familles dont les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants de moins de 5 ans souffraient de la carence alimentaire. Avec la malnutrition globale qui s’élevait à 5%, plus de 60% des enfants de 6 à 59 mois et 39% des femmes qui étaient anémiques et près de 60% des enfants qui souffraient du retard de croissance dans la zone d’intervention, l’UNICEF s’est investi corps et âme pour changer la situation. Pour y arriver, il a mis l’accent sur la disponibilité des moyens et services permettant aux ménages ruraux de prévenir et soigner la sous-nutrition chez les femmes en âge de procréer et les enfants de moins de 5 ans.
« J’ai un enfant qui a été traité dans les Foyers d’Apprentissage et de Réhabilitation Nutritionnelle. Il avait perdu sa mère à l’âge de deux mois. Comme je n’avais pas les moyens et les connaissances alimentaires et nutritionnelles, l’enfant a sombré dans la malnutrition. Les voisins et moi-même avions perdu tout espoir de voir cet enfant se remettre. Quand je l’ai confié au FARN, l’enfant a guéri complètement. Aujourd’hui, à 3ans, son poids s’élève à 9kg, ce qui épate l’entourage », témoigne Mme Clémence Karabanyuriye de la zone Kinyinya en province de Ruyigi.
Cet enfant guéri est une illustration des milliers d’enfants et de femmes assistés et qui se sont remis de leur carence alimentaire. En effet, le projet a permis, de dépister 200 mille enfants de moins 5 ans dont plus 18 mille souffraient d’émaciation, traiter plus de 11mille enfants souffrant de malnutrition modérée dans les FARN et sensibiliser plus de 206 milles femmes enceintes et mères d’enfants âgés de moins de 5 ans sur les pratiques d’alimentaire et de soins du jeune enfant ainsi que des mesures d’hygiène alimentaire et environnementales pour leurs jeunes enfants, etc.
Les interventions du projet ont, en outre, permis de tenir plus de 200 sessions FARN, administrer des poudres de micronutriment à plus de 71 mille enfants de 6-23 mois. Grâce à ces interventions, près de 10 mille enfants malnutris aiguë sévère (MAS) de 6 à 59 mois ont été admis aux formations sanitaires pour une prise en charge thérapeutique. Une formation sur l’approche Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (ANJE) a été également organisée pour 1360 acteurs.
Le tissu communautaire préservé
Le tissu communautaire faisait l’objet d’attention du projet. Sa préservation était le mandat du FNUAP agence membre du consortium UN aux côtés de la FAO, du PAM, et de l’UNICEF dans la mise en œuvre du projet PRRRSAN du programme TUBEHONEZA. Elle a été assurée grâce à la participation de toutes les parties prenantes dans les initiatives de gestion de conflits et de réduction des risques à travers des structures de médiation communautaire et la prévention des violences sexuelles basées sur le genre VSBG.
Sous anonymat, une femme qui subissais des supplices corporelles et sexuelles de la part de son mari témoigne : « Mon mari me malmenait sans relâche, j’étais seule à m’occuper des travaux champêtres au moment où il passait tout son temps au cabaret. Après la récolte, il vendait la toute la récolte obtenue pour pouvoir s’acheter de la bière. Le soir quand il rentrait, il me forcer à faire des rapports sexuels alors que je n’en avais pas envie à cause des supplices qu’il ne cessait de m’infliger. Mais quand les relais communautaires de FNUAP se sont saisis de mon cas, la situation s’est améliorée. C’était difficile au début, il rejetait tout ce qu’on lui disait, mais Dieu merci, il a fini par s’aligner aux conseils donnés. Aujourd’hui, tout va bien, longue vie aux relais communautaires! », témoigne-t-elle.
Loin d’être le seul, ce conflit réglé d’une façon pacifique sans recours aux instances judiciaires illustre le travail abattu par le projet dans sa zone d’intervention. Durant les 4 ans du projet, près de 2300 conflits sociaux ont été analysés et réglés sur 2602 conflits reçus. Les autres ont été transférés aux instances compétentes. Il sied de noter que plus de 11 mille bénéficiaires ont participé aux activités d'échange communautaire sur la résolution pacifique des conflits et plus de 25 milles personnes ont reçu des informations sur la prévention et la réponse aux VSBG.
Interrogé au sujet de la performance du projet pour lequel elle a assuré la coordination nationale pendant 4 ans, Mme Cécile Gakima assure que le « Projet de renforcement de la résilience des communautés rurales pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle » a accomplit sa mission à plus de 90%. Elle interpelle les structures techniques et administratives qui ont été associées dans la mise en œuvre du projet de veiller à sa pérennité.