Le Burundi avance progressivement vers l’éradication de la tuberculose
Dans ses efforts de se conformer à la stratégie mondiale « Mettre fin à la tuberculose d’ici à 2030 », le Burundi fait face à certains défis.
La tuberculose est un problème de santé publique au Burundi. Elle constitue la 3ème maladie en matière de comorbidité dans le pays. Selon le DIHS2, (District Health Information Software 2), publié le 26 février 2024, le pays a enregistré en 2023, 7 940 cas de tuberculose toute forme confondue.
La prévalence de la maladie s’explique par la prédominance d’un certain nombre de facteurs favorisants dans le pays, soutiennent les spécialistes. « Le Burundi est un pays pauvre où sévissent malheureusement certains vices et pathologies comme le tabac, l’alcool, le diabète, l’infection par le VIH, la malnutrition, etc. Autant de maux qui rendent la population vulnérable à la tuberculose », explique le Dr Osias Ntahombaye, Directeur du Centre antituberculeux de Bujumbura.
Pour renforcer la lutte contre cette maladie le Ministère de la santé du Burundi a opté pour la décentralisation des centres dédiés, soit une unité de traitement pour environ 57 000 habitants. Ainsi le pays dispose, sur toute l’étendue du territoire national, de 222 centres antituberculeux dont le Centre antituberculeux de Bujumbura, une structure de référence, qui accueille près du tiers des patients touchés par cette maladie pulmonaire au Burundi.
Dans chaque centre antituberculeux, la prise en charge se fait conformément au standard international requis par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Nous suivons le protocole en vigueur depuis l’accueil du malade jusqu’à sa guérison. Nous exigeons que ceux-ci soient mis sous TDO, le traitement directement observé », indique le Dr Ntahombaye. « Nous n’enregistrons aucun cas d’abandon et au moins 95 % des patients recouvrent la santé. » Les résultats du centre de Bujumbura reflètent ceux des autres centres antituberculeux.
Dans son élan vers l’éradication de la tuberculose conformément à la stratégie mondiale « Mettre fin à la tuberculose d’ici à 2030 », le Burundi fait face à certains défis.
Il s’agit notamment de la faible notification de la tuberculose chez l’enfant et de la tuberculose multirésistante, la faible recherche des sujets contacts autour des cas index et la faible utilisation systématique de l’appareil GenXpert dans le diagnostic.
Pour relever ces défis, l’OMS a entre autres soutenu la formation des travailleurs de la santé sur les différentes étapes de la prise en charge et aussi sur l’utilisation des appareils GenXpert recommandés pour le dépistage précoce. Les séances de renforcement de capacités insistent sur le traitement approprié des cas de résistance et sur la prise en charge de la co-infection tuberculose/VIH.
L’OMS accompagne aussi le pays pour les évaluations/revues externes du programme de lutte contre la tuberculose qui permettent de doter le pays de nouveaux plans stratégiques.
Avec la mutualisation des efforts, en 2023 le Burundi a été classé parmi les pays ayant fait un énorme progrès dans l’éradication de la tuberculose, d’après la revue externe du Programme tuberculose, réalisée avec l’appui de l’OMS. Au cours de cette année, le pays a enregistré 95 % de succès thérapeutique, 99.6 % des patients tuberculeux ont été dépistés au VIH et tous les patients coinfectés TB/VIH sont mis sous traitement anti rétroviral. Durant la même période, le Burundi a réduit de 16 % les décès liés à la tuberculose et de 45 % l’incidence de la tuberculose.
Selon la Dre Joselyne NSANZERUGEZE, Directrice du Programme national intégré de lutte contre la tuberculose (PNILT), cette performance est le fruit de plusieurs actions. « La décentralisation du traitement au niveau des formations sanitaires, la disponibilité des médicaments à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, la disponibilité d’un réseau flotte permettant de gérer les questionnements des prestataires liés à la prise en charge des malades, ce qui permet de réduire les perdus de vue, les séances de counseling des patients en début du traitement pour les sensibiliser entre autres sur le respect de la prise quotidienne des antituberculeux, l’implication de la communauté dans le suivi des malades sous traitement à domicile », détaille la Dre Joselyne NSANZERUGEZE. Elle a également souligné la disponibilité des données de qualité pour orienter les mesures à prendre.
Les progrès réalisés par le Burundi dans la lutte contre la tuberculose sont non seulement attribués à l’engagement des autorités nationales mais surtout aux sessions de renforcement de capacités dont bénéficient les prestataires de soins en matière de prise en charge de cette pathologie. « Le Burundi dispose d’énormes atouts pour éradiquer la tuberculose », assure la Dre Denise NKEZIMANA, Responsable du programme TB/VIH/Hépatites au Bureau de l’OMS au Burundi.
« L’engagement du Gouvernement, la volonté des partenaires à appuyer la lutte contre la tuberculose, la décentralisation et l’intégration des services tuberculose dans les soins de santé primaires, la bonne couverture en termes de l’offre de service, l’approvisionnement régulier et ininterrompu en intrants liés au dépistage, l’existence d’un réseau de microscopie fonctionnel, intégrant un niveau intermédiaire avec un système de transport des échantillons qui permet de faire participer presque toutes les formations sanitaires du pays au diagnostic de la tuberculose, la disponibilité de GenXpert, l’implication communautaire de plus en plus grandissante constituent le socle de la lutte contre la tuberculose au Burundi », précise la Dre NKEZIMANA.
Pour être plus efficaces, Jean Paul estime que les mesures de riposte devraient être accompagnées d’une bonne politique de prévention. « Si vous sentez les symptômes de la tuberculose, de grâce, ne perdez pas le temps. Rendez-vous immédiatement dans un centre de santé pour en savoir davantage sur votre état de santé. Et s’il s’avère que vous souffrez de la tuberculose, mettez-vous au traitement et suivez scrupuleusement les conseils des agents de santé », conseille Jean Paul, qui se remet progressivement. « La tuberculose a beau être une maladie grave, mais elle se guérit. En plus le traitement est gratuit. Heureusement, je suis bien mon traitement et je ne peux plus contaminer quiconque. »