L’ONUSIDA vient en appui au Burundi dans son engagement pour l’élaboration d’une feuille de route sur la durabilité du VIH
Des actions visant à garantir l'impact de la riposte au VIH/sida et sa pérennité à long terme est une priorité majeure pour la riposte au niveau national.
Le Burundi avec une prévalence nationale VIH de 0,9% en 2017 fait face à une épidémie généralisée au sein de la population générale et une épidémie concentrée au sein des couches de la population les plus exposées au risque d’infection à VIH. Le nombre de PVVIH est estimé à 81250 personnes en 2023. La transmission verticale du VIH reste élevée (15.57% en 2023) et les adolescentes et jeunes femmes sont disproportionnellement touchées. Les progrès enregistrés jusque-là sont importants avec une réduction des nouvelles infections à VIH. En 2023, il y a eu 1200 nouvelles infections liées au VIH et 1600 décès dus au sida. En considérant la valeur de 4300 nouvelles infections et de 5900 décès en 2010, il ressort une réduction de 64% et de 74% respectivement pour les nouvelles infections liées au VIH et les décès dus au sida. Le pays étant en voie d’atteindre les objectifs 95-95-95 dans la population générale de 15-49 ans, il apparait donc urgent de maintenir ces acquis en matière de réduction de nouvelles infections et d’atteinte des 3 x 95. Cette nécessité impose d’engager des réflexions profondes pour renforcer et améliorer l’efficience aux niveaux programmatique et des dépenses afin de tirer le meilleur parti d’un environnement financier international de plus en plus imprévisible du fait des priorités fortement concurrentielles.
De plus, en matière de réponse au VIH, le Burundi dépend à plus de 90% des financements des partenaires internationaux et à moins d’une profonde transformation, le rythme et la tendance adopté par le pays pour sa réponse ne permettront pas de maintenir les acquis et de réussir l’élimination du sida en tant que problème de santé publique en 2030. Une intensification des actions visant à garantir l'impact de la riposte au VIH/sida et sa pérennité à long terme est donc une priorité majeure pour la riposte aux niveaux national et local. C’est pourquoi le Gouvernement du Burundi, à travers le Ministère de la santé Publique et de la lutte contre le Sida (MSPLS) accueille favorablement l’initiative du Programme commun des Nations unies sur le sida (ONUSIDA) et du Fonds d'urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) en vue de conduire une approche holistique de la durabilité - programmatique, politique, structurelle et financière à travers l’élaboration d’une feuille de route pour la durabilité de la riposte au VIH/sida.
C’est ainsi qu’à la demande du Bureau Pays de l’ONUSIDA au Burundi, du 14 au 18 octobre 2024, le Conseiller Régional au Bureau de l'ONUSIDA en Afrique de l'Ouest et du Centre, chargé du Financement équitable et durable, Monsieur Thomas Tchetmi basé à Dakar au Sénégal, a effectué une mission d’appui à Bujumbura pour soutenir les efforts du Bureau Pays dans son appui au CNLS pour conduire l’Etude d’Estimation des Ressources et Dépenses liées au VIH/Sida (REDES) et sensibiliser sur le processus d’élaboration de la Feuille de route de la Durabilité de la réponse au VIH. La visite de terrain de Mr Tchetmi comprenait deux volets à savoir le renforcement des capacités sur l’organisation de l’étude REDES et les consultations avec les principales parties prenantes sur le processus d’élaboration de la Feuille de route de durabilité.
S’agissant du volet REDES sur le renforcement des capacités, Mr Tchetmi a participé et contribué, avec l’équipe du Bureau Pays et un duo de consultants mis à disposition par le Bureau Pays, à la formation des enquêteurs sur l’étude REDES, afin de leur permettre de bien mener la collecte de données. Cette étude va garantir la traçabilité des financements, qu’ils soient en provenance du Gouvernement, des Partenaires internationaux ou de la Société Civile, et va permettre de disposer d’un paysage qui renseigne sur la situation réelle des financements pour une meilleure allocation des ressources. Cela a été l’occasion également de faire un plaidoyer pour l’institutionnalisation de cette étude au Burundi.
En ce qui concerne la feuille de route de durabilité de la réponse VIH au Burundi, l’appui de Mr Tchetmi a consisté à expliquer et à sensibiliser sur son importance dans l’accompagnement du pays à la recherche de l’atteinte et du maintien des résultats acquis dans la riposte au VIH sur le long terme, c’est-à-dire d’ici à 2030 et au-delà.
Au cours de la visite du Conseiller Régional, une délégation de l’ONUSIDA conduite par la Directrice Pays a pu rencontrer tous les secteurs à savoir :
- au niveau du Gouvernement, Son Excellence Madame le Ministre de la Santé Publique et de la lutte contre le Sida, le Directeur Général chargé du Budget et de la Planification Economique au Ministère des Finances, le Secrétaire Exécutif Permanent du Conseil National de Lutte contre le Sida et le Directeur National du Programme de Lutte contre le Sida;
- au niveau des Partenaires au Développement : la Coordinatrice Résidente du Système des Nations Unies a.i, l’Equipe Pays des Nations Unies au Burundi (UNCT) et l’Equipe conjointe des Nations Unies sur le VIH ;
- au niveau de la Société Civile : les grandes faîtières des associations impliquées dans la lutte contre le VIH/SIDA ;
- au niveau du secteur privé : le Secrétaire Général de l'Association des Employeurs du Burundi.
Avec toutes ces personnalités, la délégation de l’ONUSIDA composée de la Directrice Pays, du Conseiller Régional et du Conseiller en Appui Communautaire a eu des séances de travail bien animées et fructueuses notamment sur (i) la formation des enquêteurs de l’Etude REDES), (ii) le mécanisme d’élaboration de la feuille de route de durabilité de la réponse VIH, (iii) les orientations et les suggestions pour aboutir à une bonne mise en œuvre des objectifs de ces deux processus, (iv) l’engagement des partenaires à s’impliquer de plus en plus dans le processus d’élaboration de la feuille de route de la durabilité de la réponse VIH pour le Burundi d’ici 2030, sans oublier (v) la place des financements dans la riposte, y compris les financements domestiques.
Le Conseiller Régional au Bureau de l'ONUSIDA n’a pas manqué de souligner, en présence de ces personnalités, la place prépondérante des échanges d’expérience au niveau régional et international. Ces derniers pourront aider le Burundi à mettre en œuvre avec succès ces réformes et innovations en matière de réponse au VIH à travers une feuille de route bien élaborée et partant porteuse de résultats, surtout que des attentes avaient été formulées dans ce sens par rapport aux deux volets de la mission, des attentes qui ont visiblement rencontré satisfaction
A la fin de la mission, Thomas Tchetmi s’est déclaré très satisfait du déroulement de sa mission, que ce soit au niveau de la participation des personnes ressources en présence et de leurs contributions, au niveau de l’intégration des contenus des objectifs de la mission, ou encore à celui des engagements pris par les uns et les autres dans le processus de cheminement vers une durabilité de la réponse VIH, en s’appuyant sur les résultats du REDES qui permettront la traçabilité des financements et une meilleure allocation de leurs sources de financement au Burundi, base essentielle pour la Feuille de route.
Le Bureau Pays ONUSIDA poursuivra son appui à travers une assistance technique de 5 Consultants nationaux et internationaux mobilisés sur ces deux thématiques jusqu’au premier trimestre 2025.