La myciculture apporte de revenus substantiels aux producteurs
L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) vulgarise la culture des champignons dans trois projets dont celui « d’Appui à la Production Alimentaire Durable et l'Amélioration de la Sécurité Alimentaire et la Résilience Climatique dans les hautes terres du Burundi » financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et le Gouvernement du Burundi.
La myciculture suscite de l’engouement des membres des coopératives dans les 3 provinces – Gitega, Muramvya, Mwaro - d’intervention du projet. Depuis un semestre – juin 2024 – pour la plupart, 14 coopératives de la 2ème génération se sont lancées dans la culture de champignons avec l’appui en intrants de la FAO après une formation aux techniques de production mycicole dispensée par la même organisation. Il s’agit des coopératives Rugano terimbere, Gitare camaza, Akarusho kumwimbu, Duhagacirumwimbu de la province de Muramvya ; Komezibikorwa, Kirumara mubikorwa, Jakukivi, Tugwanyubukene, Tujehamwe, Turikumwetwese birashoboka de la province de Gitega et Vyukanumwete, Majambere, Kerebukirisuka, Tambuka dukiretwese de la province de Mwaro.
Les témoignages fusent de partout sur la rentabilité financière de la myciculture. Les experts et les producteurs de champignons dans le cadre du projet sont unanimes sur le fait que cette culture apporte de revenus substantiels aux producteurs.
Le champignon, une culture miracle pour les communautés
La plupart des membres des coopératives champignonnistes pensaient que les champignons étaient d’origine sauvage, qu’on ne les trouvait que dans les forêts naturelles.
« Nous pensions que les champignons ne poussaient que dans les buissons. Mais après la formation reçue de la FAO au premier semestre 2024 sur la culture des champignons comestibles, nous avons testé les théories et pratiques apprises et notre satisfaction fut au-delà de nos attentes », témoigne Mme Nicintije Consolatte, Présidente de la coopérative Tambuka de la colline Gisitye en Commune Nyabihanga de la province Mwaro.
Légende: Mme Sophie Irakoze Présidente de la coopérative Majambere
Dans la même circonscription, Mme Sophie Irakoze, membre de la Coopérative Majambere,parle de la découverte d’une culture miracle qui n’est pas soumise aux caprices des saisons. « Nous cultivons des champignons toute l’année sans nous soucier de savoir si c’est la saison des pluies ou la saison sèche. Nous pratiquons la myciculture dans une maison construite sur une parcelle de 10m sur 6m, suivant des techniques appropriées à la myciculture pour maximiser la production », dit-elle. De juin à mi-décembre 2024, la coopérative a déjà récolté 681 kg dont 480 kg vendus, le reste ayant été distribué aux membres pour consommation. Plus de 2,3 millions de Francs burundais émanant de la vente des champignons ont été versés sur le compte de la coopérative.
L’argent obtenu de la vente des champignons sert à financer d’autres projets générateurs de revenus. « Nous avons déjà acheté une vache, des chèvres pour les membres de la coopérative et une parcelle grâce aux revenus de la myciculture. C’est fini les cotisations des membres de la coopérative pour louer des champs à mettre en cultures. Hahaha, depuis peu, nous avons commencé à louer les parcelles grâce à l’argent tiré de la vente des champignons », indique Mme Hakizimana Jacqueline, présidente de la coppérative Tugwanyubukene de la colline Gisuru, en commune Giheta de la province de Gitega.
Aucune autre culture ne peut rivaliser avec les champignons en termes de rendement et de rentabilité, affirme M. Ntahe Jean Paul, président de la coopérative Gitare ca Maza de la colline Masango, en commune et province Muramvya. Jamais une culture n’a été récoltée sans interruption pendant plus de 3 mois comme c’est le cas de la myciculture, s’enthousiasme-t-il.
En l’espace de 6 mois, Jean Marie Basuko, Expert de la FAO en myciculture renseigne que les 14 coopératives ont déjà produit plus de 5 tonnes de champignons et vendu plus 4.241 kg. Cela a rapporté aux coopératives plus de 20 millions de Francs burundais.
De l’amélioration de la nutrition
Confronté au stéréotype ancré dans les communautés d’éleveurs selon lequel, consommer le champignon apporte la malédiction liée à la mort des vaches élevées, les qualités nutritionnelles des champignons l'emportent actuellement sur ledit cliché culturel.
« C’est une nouvelle culture, non habituelle ici. Cependant, les personnes qui étaient réticentes à manger des champignons commencent à les consommer, faisant fi des croyances qui dédaignent leur consommation », souligne Mme Joseline Nkunzimana, fonctionnaire du Bureau Provincial de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage dans la province de Mwaro et facilitateur du projet en commune Kayokwe.
« J’achète souvent les champignons car j’ai appris qu’ils possèdent des protéines dont nous avons besoin surtout que nous n’avons plus accès à la viande qui est devenue très chère ces derniers temps », fait savoir M. Mugisha Innocent, un client de champignons de Kayokwe en province de Mwaro.
En effet, les producteurs de champignons affirment qu’ils n’ont pas besoin de se déplacer pour vendre leur production, les clients viennent s’approvisionner sur place.
Les vertus nutritionnelles du champignon lui valent le nom de « Inyama nzuri » – bonne viande – dans la commune de Kayokwe, selon Mme Sophie Irakoze, Présidente de la coopérative Majambere.
De la réponse à l’exiguïté des terres cultivables
La myciculture en tant que culture hors sol est une alternative potentielle à l'agriculture en plein champ car elle ne nécessite pas de vastes superficies mais juste un petit terrain pour construire une champignonnière. Persuadés de la rentabilité effective de la myciculture, certains producteurs se résolvent à privilégier la myciculture à d’autres cultures.