Renforcer la résilience des communautés et lutter contre la malnutrition, un chemin vers la sécurité alimentaire au Burundi

Le projet vise l’autonomisation des ménages non seulement pour accéder à la nourriture mais aussi pour améliorer leur nutrition et leur résilience à long terme.
Nichés dans les collines du nord du Burundi, Jean Claude et sa femme Zainabu se tiennent fièrement devant leur nouvelle maison, symbole de leur résilience et de leur détermination. Malgré des défis considérables pour accéder à la nourriture et un logement adéquat, ils ont œuvré pour améliorer leur vie en occupant divers emplois et en cultivant la petite terre qu'ils possédaient. Avec le soutien de la Banque de Développement Allemande, Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW), et du Programme Alimentaire Mondial (PAM), ils ont pu accélérer leur parcours vers la transformation de leur vie.
« J'avais du mal à fournir suffisamment de nourriture à ma famille et à avoir un logement décent. Je devais accepter des travaux supplémentaires en tant qu’aide maçon ou travailler dans les plantations de mon propriétaire juste pour payer le loyer », se souvient Jean Claude.
Comme de nombreuses familles du nord du Burundi, Jean Claude Haramajambere faisait face à l’insécurité alimentaire en raison du manque de terres cultivables et de ressources financières. L’analyse de la Classification Intégrée de la Sécurité Alimentaire (IPC) pour la période d’avril à mai 2021 a révélé que plus d’un million de personnes au Burundi souffraient de niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, une situation que le projet de Prévention de la Malnutrition et de Renforcement de la Résilience au Niveau Communautaire au Burundi visait à atténuer.
« Ma femme et moi avons rencontré des difficultés parce que nous n'avions pas de terres. Je suis né dans une famille de neuf enfants, dont cinq garçons, donc le petit morceau de terre que j'ai hérité de mon père ne pouvait accueillir que la maison que j’ai récemment terminée, grâce au soutien du projet », raconte Jean Claude. « Je suis heureux que notre objectif de construire une maison ait enfin été atteint, et ma famille mange bien », se réjouit-il.
Autonomiser les familles grâce au soutien alimentaire et financier
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM), l'UNICEF et leurs partenaires travaillent aux côtés du gouvernement burundais pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Leurs efforts visent à transformer les systèmes alimentaires, nutritionnels, de santé et d'hygiène (WASH) tout en promouvant le changement de comportements sociaux et le développement de l’enfant.
À ce jour, plus de 1 100 Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC) ont été renforcées pour stimuler la résilience économique et sociale. Plus de 7 600 ménages vulnérables ont reçu des transferts monétaires pour leur permettre d’accéder à des aliments nutritifs et d’investir dans des activités renforçant la résilience. Avec le soutien de structures communautaires telles que les Travailleurs de la Santé Communautaire (CHW), 313 994 enfants ont été dépistés pour la malnutrition et traités dans des centres de réhabilitation communautaires (15 711 souffrants de malnutrition aiguë modérée) et des établissements de santé (5 747 souffrants de malnutrition sévère). Le traitement comprenait la supplémentation en vitamine A, le vermifuge et la fourniture de nourriture thérapeutique prête à l'emploi (FUTF). Pour contribuer à la prévention de la malnutrition, y compris les carences en micronutriments, le projet a distribué 477 tonnes métriques (tm) de nourriture spécialisée pour nourrir 13 146 enfants et 9 562 femmes enceintes et allaitantes, et a fourni des poudres de micronutriments (PMN) à 187 257 enfants âgés de 6 à 23 mois. De plus, sept systèmes d’eau ont été construits ou réhabilités, desservant 125 000 personnes de la communauté, 27 écoles et établissements de santé avec de l'eau potable sûre. Douze moulins communautaires ont également reçu du matériel de fortification et un renforcement des capacités pour améliorer l'accès aux nutriments clés au niveau des foyers.
Pour Jean Claude, le soutien du projet a joué un rôle crucial dans la construction de sa maison et l’assurance d’un régime alimentaire équilibré pour sa famille. « Lorsque nous avons appris que nous avions été sélectionnés pour les transferts monétaires et la formation dans le programme AVEC, nous avons défini nos priorités et commencé à travailler sur certaines d’entre elles. Nous avons décidé d’utiliser une partie de l’argent pour la nourriture et d’économiser le reste pour acheter des matériaux de construction, notamment des tôles métalliques », explique-t-il.
Parmi les 125 300 femmes enceintes et allaitantes formées pour améliorer l'alimentation des enfants se trouvait Zainabu Ingabire, la femme de Jean Claude. Elle se souvient des difficultés rencontrées pour subvenir aux besoins essentiels de leur famille avant l’aide du projet.
« Bien que nous comptions sur la terre familiale pour cultiver, cela ne suffisait pas—nous devions partager la récolte avec notre famille élargie », dit-elle. « Nous pouvions à peine manger deux repas par jour. »
Pour renforcer davantage la résilience de leur ménage, Jean Claude et Zainabu se sont associés avec des membres de la communauté propriétaires de terres. Ils ont proposé de travailler sur leurs fermes en échange d’une part de la récolte. Le revenu provenant de la vente de leur part, combiné aux 70 000 Francs burundais (24 $ US) de transfert monétaire mensuel, leur a permis d’accélérer la construction.
« Sans ces opportunités, la construction de notre maison aurait pris encore plus de temps », reconnaît Jean Claude.
Les efforts des ménages pour maintenir la sécurité alimentaire
Pour lutter contre la malnutrition prévalente, qui s’élevait à 54 % en 2024, ainsi que contre les mauvaises pratiques alimentaires, le projet s’est concentré sur l’autonomisation des ménages non seulement pour accéder à la nourriture, mais aussi pour améliorer leur nutrition et leur résilience à long terme. Jean Claude et Zainabu ont adopté ces initiatives, investissant dans du petit bétail, comme des chèvres, des poules et des lapins, pour produire du fumier pour leurs cultures et augmenter leur apport en protéines animales. Ils ont également établi un jardin potager pour garantir l’accès à des légumes frais et un composteur pour gérer efficacement les déchets organiques. « Ce projet nous a permis de garantir la nourriture pour nos enfants avant qu'il ne soit trop tard. Notre prochain objectif est d’acquérir une terre agricole et de continuer à appliquer ce que nous avons appris pour développer davantage notre ménage », partage Zainabu.
L'engagement des hommes, un facteur clé pour renforcer la résilience des ménages
À travers des sessions de changement de comportement social, le PAM a activement impliqué les hommes dans la prise de décisions au sein du ménage, en particulier en matière de sécurité alimentaire et de gestion des ressources.

Damascène Niyongere, un résident de la province de Kirundo, admet qu'avant le projet, il discutait rarement des plans de développement du ménage avec sa femme et prenait toutes les décisions financières seul. « En tant que membre de l’‘École des Maris’, j’encourage les autres hommes à impliquer leurs épouses dans la prise de décision et à se concentrer sur la prévention de la malnutrition », dit-il.
Cette approche commence à donner des résultats positifs. Le ménage de Damascene a décidé d'utiliser le transfert monétaire pour louer un terrain afin de cultiver des pommes de terre, générant un bénéfice de 600 000 francs burundais (200 USD). Ils ont réinvesti cet argent en achetant un veau et des lapins, garantissant ainsi un approvisionnement continu en fumier et en viande. La famille a également agrandi sa maison et prévoit d’élever des poules, comme le mentionne leur livret de planification du développement du ménage.
Les experts agricoles locaux soutenant la sécurité alimentaire des ménages

Dans un pays où plus de 80 % de la population dépend de l'agriculture de subsistance, les techniciens agricoles et d'élevage locaux ont joué un rôle crucial dans l'amélioration des habitudes nutritionnelles et des pratiques agricoles.
« Nous renforçons les compétences des membres des AVEC engagés dans des activités génératrices de revenus basées sur l'agriculture. À leur tour, ils agissent comme des catalyseurs, appliquant ces connaissances au sein de leurs foyers et communautés », explique Alexis Ntagengwa, agronome communal.
En partageant les bonnes pratiques, ces personnes formées contribuent à augmenter la production alimentaire et à réduire la malnutrition à travers le pays.
Améliorer les aliments locaux enrichis pour une meilleure nutrition
Dans le cadre de ses efforts pour améliorer la nutrition des ménages, le PAM a soutenu les transformateurs locaux de produits alimentaires dans l’enrichissement des aliments de base, comme la farine de maïs, avec des micronutriments essentiels. Cette initiative a permis d'améliorer l'accès à des repas sûrs et nutritifs pour les communautés vulnérables.
Virginie Niyogushima, l'une des bénéficiaires, préfère moudre son maïs auprès des meuniers soutenus par le projet. Elle a constaté de ses propres yeux les bienfaits des aliments enrichis.
« Je choisis d'apporter mon maïs à cette coopérative parce qu’ils maintiennent des normes d’hygiène élevées et ajoutent des nutriments », dit-elle. « Je vois la différence dans la santé de mes enfants. Ils sont plus énergiques et adorent le goût de la pâte de maïs. »
Grâce à un soutien intégré — transferts monétaires, formations agricoles et nutritionnelles, aliments enrichis et prise de décision inclusive du point de vue du genre — des familles comme celle de Jean Claude se libèrent de l'insécurité alimentaire et de la pauvreté. Avec une maison achevée, une nutrition améliorée et des projets ambitieux pour l'avenir, Jean Claude et Zainabu sont un exemple de la résilience et de la détermination que ce projet vise à encourager.