Batwa du Burundi : un chemin vers la dignité retrouvée
09 août 2025
C’est un moment pour honorer plus de 476 millions de personnes à travers le globe, porteurs de cultures uniques, de savoirs ancestraux et de langues précieuses.
Chaque année, le 9 août, le monde célèbre la Journée internationale des peuples autochtones. Cette année, le thème « Les peuples autochtones et l’IA : défendre les droits, façonner l’avenir » a rappelé que les nouvelles technologies peuvent devenir un puissant levier de protection des cultures — mais aussi un risque si elles excluent ceux qu’elles prétendent servir.
Dans son message, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a lancé un appel fort à la reconnaissance et à la participation active des peuples autochtones :
« Les peuples autochtones sont les gardiens de savoirs anciens, les défenseurs du patrimoine culturel, les protecteurs de la biodiversité, et ils jouent un rôle essentiel pour notre avenir collectif. »
Au Burundi, les Batwa au centre des regards
Cette journée a été célébrée dans la province de Bujumbura, commune Bukinanyana, sous le haut patronage de son excellence Mr le Président de la République du Burundi. L’événement a mis un coup de projecteur sur la communauté Batwa, l’un des trois groupes ethniques du pays, longtemps confrontée à l’exclusion et à la pauvreté.
Légende: Emanuela Muscarà, Chef de Mission de l'OIM au Burundi
Les interventions du représentant des Batwa et de la représentante de la Coordonnatrice Résidente de l’ONU, Mme Emanuela Muscarà ont souligné l’importance cruciale de la participation des peuples autochtones, essentielle à leur survie et à leur développement dans un contexte mondialisé où l’intelligence artificielle pourrait autrement perpétuer les violations de leurs droits à une culture et un mode de vie spécifiques.
Des revendications claires
Lors de la cérémonie, l’Honorable Léonard HABIMANA, s’exprimant au nom des membres de la communauté des Batwa, a porté les revendications de cette dernière :
La mise en place de dispositions d’accompagnement pour que les terres promises aux Batwa soient effectivement attribuées, enregistrées à leur nom et inscrites dans les registres fonciers communaux ;
La prise de mesures concrètes pour régulariser la situation des Batwa encore en errance dans les provinces concernées ;
Le soutien aux écoles et centres de formation créés par les Batwa, en les intégrant aux cantines scolaires, en rémunérant leurs enseignants, et en accompagnant les élèves Batwa à tous les niveaux, y compris par l’octroi de bourses d’études à l’étranger pour les diplômés.
L’augmentation du nombre de Batwa employés dans la fonction publique et leur intégration dans des postes qu’ils n’ont jamais occupés (gouverneurs, administrateurs communaux, chefs de zone, membres d’organismes étatiques ou diplomates), conformément aux dispositions constitutionnelles qui prévoient des quotas pour les Hutu (jusqu’à 60%) et les Tutsi (jusqu’à 40%). Les quotas attribués à ces deux groupes ethniques peuvent être réduits pour permettre l’inclusion des Batwa sans enfreindre à aucune loi ;
La création d’un fonds de développement dédié aux Batwa, à l’image de ceux pour les jeunes et les femmes.
La mise en place d’une assistance juridique pour les Batwa et une grâce collective aux détenus pour des délits mineurs ou injustement emprisonnés.
Inscrire la Journée internationale des peuples autochtones (9 août) au calendrier officiel.
Ces demandes rejoignent l’esprit du message de l’ONU : reconnaître la valeur des cultures autochtones et leur donner les moyens de s’épanouir dans un monde en mutation.
Dans son discours, le Chef de l’État a exprimé son aversion face à toute forme de discrimination. Il a rappelé que la marginalisation des Batwa ne peut plus être tolérée et que l’unité nationale passe par la dignité et le respect de tous. En reconnaissant et en exprimant des excuses pour la responsabilité de l’État dans les injustices et discriminations subies par les Batwa autochtones, le Président Évariste Ndayishimiye a indiqué que la Journée internationale des peuples autochtones constitue une opportunité de réflexion collective sur les moyens de restaurer la dignité des Batwa. Il a aussi insisté sur la nécessité pour la communauté elle-même de se libérer des barrières psychologiques ou sociales qui freinent son développement.
Un appel à l’appui international
En conclusion, le Président du Burundi a adressé un message à la communauté internationale : il a appelé l’ONU à redoubler d’efforts pour soutenir le développement du pays, notamment dans les régions où vivent les communautés autochtones.
Légende: S.E. Evariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi.
Cette journée a été plus qu’une commémoration : ce fut un signe d’engagement. Un engagement à bâtir un Burundi où les Batwa ne seront plus perçus comme un peuple oublié, mais comme des citoyens à part entière, porteurs d’une richesse culturelle qui fait la fierté de toute la nation.