Histoire
30 juillet 2025
Le PAM renforce la résilience climatique des communautés grâce aux actions anticipatoires
Face aux menaces croissantes d’insécurité alimentaire dues au déficit hydrique récurrent dans le nord du Burundi, notamment dans la province de Kirundo, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et ses partenaires multiplient les efforts de préparation, d’anticipation et de réponse aux risques climatiques. Libère Nyandwi, habitant de la commune Busoni, illustre bien l’impact de ces actions. Dans son jardin potager, il cultive des légumes résistants à la sécheresse pour nourrir sa famille et réduire sa dépendance au marché, où les prix, principalement ceux des légumes, connaissent souvent des hausses en période critique. Père de huit enfants, il fait partie des plus de 37 000 bénéficiaires du projet « Renforcement des capacités de préparation et d'action anticipatoire », financé par l’Union européenne (ECHO) et mis en œuvre par le PAM et ses partenaires depuis 2020.« Grâce au projet, j’ai reçu des messages sur les prévisions météorologiques et bénéficié des séances de sensibilisation qui m’ont permis de mieux faire face aux aléas climatiques, qui détruisent souvent nos cultures et entraînent la faim dans nos familles.»Renforcement institutionnel et communautaire pour une meilleure gestion des risquesAvec l’appui du PAM, l’Institut Géographique du Burundi (IGEBU), autorité nationale chargée de la production et diffusion des données et informations hydrométéorologiques essentielles pour la gestion des risques liés au climat, a renforcé ses capacités en matière d’alerte précoce, ce qui a permis d’obtenir des prévisions météorologiques plus ciblées, utilisées pour activer des actions anticipées. Une salle de veille a ainsi été installée, avec des équipements fournis par le PAM et le PNUD, posant les bases d’une surveillance efficace. Grâce au soutien technique de l’Autorité Intergouvernementale pour le Développement (ICPAC), des séances de renforcement de capacités ont été organisées pour approfondir les compétences sur le développement des seuils et déclencheurs d’alerte et introduire des outils de prévision pour des alertes plus précises.Sur le terrain, les comités communautaires mis en place et formés par la Croix-Rouge Burundi, jouent un rôle clé dans la transmission des messages et l’encadrement des bénéficiaires. Ferdinand Rwasa, agent communautaire de Busoni, partage son expérience :« Nous effectuons des visites à domicile pour nous assurer que les bénéficiaires prennent en compte les messages sur les prévisions météorologiques. Nous les sensibilisons aussi à l’agriculture résiliente, en leur recommandant des cultures à cycle court ou résistantes à la sécheresse, ainsi qu’une meilleure gestion des récoltes et des ressources financières », explique-t-il.Et d’ajouter :« Grâce aux interventions du projet, les gens ne comptent plus uniquement sur l’espoir de bonnes pluies, comme avant. Ils disposent désormais d’informations fiables et prennent des décisions éclairées. Beaucoup ont choisi d’associer l’agriculture à l’élevage pour diversifier leurs sources de revenus et limiter les pertes en cas de sécheresse. »L’assistance monétaire, un levier contre les effets de la sécheresseA la suite de prévisions d’un déficit hydrique pouvant dépasser 60 % en lien avec La Niña en 2024, le PAM a déployé une assistance monétaire anticipative. Plus de 1 200 ménages vulnérables (soit plus de 6 100 personnes) ont reçu 200 000 BIF (environ 70 USD) pour se préparer à la saison culturale A (mi-septembre 2024 à janvier 2025).Libère a utilisé cette aide pour améliorer ses techniques agricoles et investir dans l’élevage. « J’ai acheté un porc et des cobayes. Le fumier me servira pour la prochaine saison, et en cas de besoin, je pourrai vendre les petits pour subvenir aux besoins de ma famille. »De son côté, Sylvie Ntihabose, 70 ans, se réjouit des informations d’alerte précoce qui lui ont permis de changer de stratégie agricole et ainsi échapper au pire :« Au lieu de planter sur ma colline habituelle déjà affectée par le manque de pluies, j’ai cultivé sur une colline voisine, habituellement moins affectée par la sécheresse. Alors que j’ai pu récolter 50 kg de haricots, ceux qui ont semé ici ont presque tout perdu. J’ai également acheté une chèvre avec le reste de l’argent. En cas de problème, je peux en vendre et m’en sortir. »Aujourd’hui, le PAM déploie des programmes d’action anticipatoire dans plus de 40 pays, avec pour double objectif : protéger les vies et les moyens de subsistance des plus vulnérables et renforcer les systèmes nationaux face aux risques climatiques. Il travaille également à institutionnaliser cette approche au sein des systèmes humanitaires, y compris dans son propre système de préparation et de réponse aux urgences.
